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Manifestations ophtalmologiques au cours des tumeurs cérébrales : causes du retard diagnostique

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Orateurs :
Annick Rolande KOUGOU NTOUTOUME
Auteurs :
Annick Rolande KOUGOU NTOUTOUME
olive rosine matsanga
Dr Synthia MEKYNA
Noureddine Boutimzine
Samira Tachfouti
Abdellah Amazouzi 1
Dr Ouafa CHERKAOUI
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Résumé

Introduction

Les Manifestations ophtalmologiques au cours des tumeurs cérébrales sont nombreuses et peuvent parfois en être le mode révélateur. Plusieurs patients sont vus à un stade d’atteinte oculaire sévère, suscitant ainsi notre préoccupation. Le but de notre travail est de faire une analyse des troubles visuels en rapport avec ces affections et d’apporter des réponses sur les causes du retard diagnostique lié à la prise en charge de ces tumeurs.

Patients et Methodes

Il s'agit d'une étude prospective, monocentrique d’une durée de 2 mois allant de juin à juillet 2019. Tous les patients ayant un diagnostic de tumeur intracrânienne documentée, associé à des troubles visuels ont été inclus. Nous avons exclu ceux présentant des antécédents ophtalmologiques pouvant expliquer une baisse de l’acuité visuelle. Tous les patients ont bénéficié d’un examen ophtalmologique complet, après un interrogatoire bien mené.

Résultats

L’étude a portée sur 26 yeux de 13 patients, dont 6 hommes et 7 femmes avec un sexe ratio homme/femme de 0.85. L’âge moyen était de 28 ans. 11 patients vivaient en zone urbaine. 10 patients (77%) ont consulté initialement dans des structures privées, 1 patient a consulté dans plusieurs dispensaires en secteur publique, 2 patients n’ont pas consulté. Le délai moyen de consultation dans notre service était 11,38 mois. Le principal motif de consultation était la baisse de l’acuité visuelle associée à des céphalées. L’atteinte était bilatérale dans 100% des cas. L’acuité visuelle au moment du diagnostic était supérieure à 5/10 dans 27% des cas, comprise entre 4/10 et 2/10 dans 27% des cas et inférieure à 1/10 dans 38% des cas. Les manifestations ophtalmologiques retrouvées étaient la paralysie du VI unilatérale et bilatérale, le signe de Parinaud, l’exophtalmie, le nystagmus, la pâleur et l’œdème papillaire, l’atrophie optique et les troubles du champ visuel. Les différentes tumeurs retrouvées étaient le médulloblastome du V4, le germimone, l’adénome hypophysaire, les tumeurs du plexus choroïde, le gliome du tronc cérébral et les méningiomes. Le délai moyen de prise en charge chirurgicale était de 1 mois. 77% des patients ont bénéficié d’une exérèse tumorale. Neuf yeux sont restés au stade de cécité après chirurgie.

Discussion

Pathologies fréquentes chez l’adulte jeune, les tumeurs cérébrales sont des urgences diagnostiques mettant en jeu le pronostic visuel et vital des patients. Les atteintes oculaires peuvent en être le signe révélateur et avoir une valeur localisatrice bien qu’elles ne soient pas spécifiques. Le principal motif de consultation est la baisse de l’acuité visuelle associée à un syndrome d’hypertension intracranienne. La majorité des patients, usagers proches des centres hospitaliers régionaux et universitaires, bien que résidant en zone urbaine, ont consulté initialement dans le secteur privé. Cela pourrait s’expliquer par l’accessibilité à un spécialiste dans ces structures privées d’une part et la rapidité des soins d’autre part. Les causes du retard dans la prise en charge de ces tumeurs sont : la multiplicité des consultations, le manque d’une anamnèse bien conduite, l’examen clinique initial incomplet, le manque d’information et la difficulté financière à réaliser les examens complémentaires dans le secteur privé. Ces raisons empêchent l’évaluation du degré d’urgence ainsi que l’orientation vers un diagnostic précis. 

Conclusion

La prise en charge des tumeurs cérébrales entre secteur privée et publique ne semble pas encore être bien organisée et nécessite une collaboration étroite avec les différents acteurs du secteur santé : médecin généraliste, neuro-ophtalmologue, neurologue et neurochirurgien. Plus le délai de consultation est long, moins le pronostic est bon.