Les membranes épirétiniennes secondaires sont une cause importante de baisse de vision après décollement de rétine (DR) rhegmatogène opéré. Notre hypothèse de travail était qu'une sous population de membrane post DR puisse correspondre à de la prolifération vitréorétinienne (PVR) maculaire. L’objectif de cette étude a été d’évaluer l’incidence, d’identifier les facteurs de risques, et de décrire les caractéristiques OCT des membranes épirétiniennes en post opératoire de DR opérés par vitrectomie.
Name
Membranes épiretiniennes post décollement de rétine : épidémiologie et caractéristiques OCT
Introduction
Patients et Methodes
Les dossiers des patients opérés de DR par vitrectomie entre le 1er novembre 2014 et le 31 décembre 2017, avec suivi post-opératoire supérieur à 6 mois, ont été inclus de façon rétrospective. Les données démographiques, cliniques, opératoires et les imageries par tomographie par cohérence optique (OCT, Spectralis, Heidelberg) ont été recueillies. La présence de prolifération vitréorétinienne (PVR) maculaire était définie comme un aspect OCT de matériel prérétinien multicouche et/ou de pli de la rétine interne en oméga.
Résultats
266 yeux ont été inclus et ont été suivis pendant 16.9±8.4 mois. Une membrane épirétinienne était retrouvée dans 42% des cas lors du suivi. En analyse multivariée, les facteurs significativement associés à la survenue d’une membrane épirétinienne nécéssitant un pelage chirurgical étaient un antécédent de photocoagulation laser d'une déchirure rétinienne (OR 4.1 IC95% 1.8-14.4, p<0.01), une rétinopexie peropératoire par endolaser sur 360° (OR 5.25 IC95% 1.9-14.23, p=0.02), une hémorragie vitréene préopératoire (OR 3.4 IC95% 1.3-8.4, p=0.02) et un nombre de déchirure élevé (OR 1.46 IC95% 1.1-2.0, p=0.02). 23 patients (8,6%) ont bénéficié d’une seconde chirurgie pour pelage de membrane épirétinienne, dont 10 présentaient un aspect OCT de PVR maculaire. L’épaisseur maculaire centrale avant pelage était significativement plus élevée en cas de PVR maculaire par rapport aux membranes sans PVR (528.5µm ± 46.3 vs 431 µm ± 13.1, p=0.04). La présence d’une hémorragie du vitrée préopératoire, de PVR de grade B et le sexe féminin étaient des facteurs de risques significativement associés à a survenue d'une membrane de type PVR maculaire, mais n'étaient pas associés aux membranes sans PVR.
Discussion
L’incidence des membranes épirétiniennes post DR est plus élevée dans notre étude que les taux classiquement décrits dans la littérature (6 à 12%), en raison de notre méthodologie (OCT systématique à chaque visite et suivi moyen long supérieur à 15 mois). Les projections visibles sur l'OCT entre la membrane épirétinienne et la rétine sont connues pour être fortement associées a la présence de déchirures de la périphérie rétinienne (1), et correspondent au matériel prérétinien multicouche définissant dans notre étude la PVR maculaire. Les plis de la rétine interne en oméga ont été décrits dans l'hamartome combiné de l'épithélium pigmentaire et de la rétine (2), qui est comme la PVR, une pathologie qui pourrait impliquer la prolifération de cellules de l'épithélium pigmentaire en prérétinien.
Conclusion
Les membranes épirétiniennes sont fréquentes après chirurgie de DR, et nécessitent un pelage chirurgical dans 8.6% des cas. Nous décrivons une sous population de membranes ayant des caractéristiques OCT particulières et qui pourrait correspondre à de la PVR maculaire