Name
Ne pas donner sa langue au chat : A propos d’un cas de neurorétinite unilatéral de l’enfant causée par Bartonella hensae dans la maladie des griffes du chat et prouvée après cytoponction d’une adénopathie

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Benoit GANDON
Auteurs :
Dr Benoit GANDON
Dr Steven DELBRAYELLE
Anne-Laure Lux 1
Clement Auchere 1
Tags :
Résumé

But

La maladie des griffes du chat causée par le bacille gram Négatif Bartonella Hensae est une pathologie rare, souvent bénigne, mais qu’il faut savoir rechercher en ophtalmologie, car contrairement aux autres atteintes, celles neurologiques et rétiniennes nécessitent un traitement antibiotique.

Observation

 Nous rapportons le cas d’un patient de 14 ans atteint d’une neuro-rétinite de l’œil gauche causée par Bartonella Hensae dans le cadre d’une maladie des griffes du Chat prouvé après cytoponction d’une adénopathie.

Cas clinique

Un adolescent de 14 ans se présente aux urgences pédiatriques pour un tableau d’altération de l’état général avec douleur abdominale et fièvre. Les examens d’imagerie retrouvent une hépato splénomégalie ainsi que de multiples adénopathies intrapéritonéales. Un avis ophtalmologique est demandé le lendemain de son hospitalisation pour une baisse d’acuité visuelle de l’œil gauche survenue le matin même, accompagnée d’un scotome central. Il n’existe pas de notions de morsure ou griffure de chat récemment, mais l’enfant dort avec son chat depuis quelques mois. L’examen clinique retrouve une acuité visuelle normale à droite (10/10) et amoindrie à gauche (1/20). Au fond d’œil du côté pathologique, il existe un œdème papillaire avec doute sur foyer inféro-papillaire associé à un décollement séreux rétinien. A ce stade, 3 hypothèses sont privilégiées dans une théorie d’unicité du tableau général: une hémopathie entraînant une immunodépression avec un foyer oculaire consécutif, une toxocarose avec syndrome de larva migrans et une bartonellose. Un bilan biologique et des sérologies sont demandés afin de faire la part des choses. Devant le temps nécessaire à la réception des résultats, la suspicion clinique et tenant compte de l’absence d’IgE, une Ponction de chambre antérieure sous anesthésie générale est réalisée privilégiant la recherche d’ADN de Bartonella Hensae par PCR. Finalement, cette analyse se révèlera négative et ce sera la PCR sur cytoponction d’une adénopathie axillaire faite dans le bilan de suspicion d’hémopathie qui portera le diagnostic de maladie des griffes du chat sur infection à Bartonella Hensae. Un traitement par Doxycicline et Rifampicine per os est entrepris, accompagné d’une corticothérapie de 1mg/kg/j pour 6 semaines au vu de l’acuité visuelle. Une semaine après le début des symptômes, la sérologie bartonellose sera reçu et se révèlera positive, et l'on notera l’apparition au fond d'oeil de l’étoile maculaire classique des cas de neurorétinite. 6 mois plus tard, l’acuité visuelle de l’œil gauche est évaluée à 10/10, l’œdème papillaire a disparu et il persiste un discret DEP sans DSR avec une altération de la ligne des photorécepteurs en nasal de la macula.

Discussion

Devant un tableau de neuro-rétinite avec symptômes systémiques, il faut savoir évoquer et rechercher entre autres la Bartonellose. Pour cela, l’interrogatoire est primordial, et plusieurs examens complémentaires sont disponibles. La sérologie a un délai relativement long et la sensibilité d’une PCR sur ponction de chambre antérieure n’est jamais de 100%. Dès lors, une cytoponction d’une adénopathie peut aider pour accélérer la certitude diagnostic et commencer les antibiotiques.

Conclusion

La neurorétinite causée par la maladie des griffes du chat est rare mais peut se rencontrer chez l’adolescent et impose sa recherche dès lors que le contexte est évocateur par l’ensemble des moyens disponibles pour débuter le traitement le plus tôt possible.