La déficience visuelle de l’enfant a un retentissement médical, économique et social majeur. L’une des deux principales causes étant les troubles réfractifs non corrigés. Ces troubles réfractifs sont à l’origine d’amblyopie ou le strabisme pour 12 millions d’enfants dans le monde(1). L’examen de référence pour la mesure de la réfraction chez l’enfant fait appel à la cycloplégie, réalisée par un ophtalmologiste et chronophage, cet examen n’est pas adapté à un dépistage de masse. Il existe donc un enjeu majeur de santé publique à réaliser de façon fiable une mesure de réfraction chez l’enfant sans cycloplégique. Le laboratoire Essilor® à développé un réfracteur, le VR 800®, intégrant un système de réfraction semi-automatisée basé sur un algorithme de brouillage/débrouillage appelé le « Smart brouillard ». Ce système permet de réaliser une réfraction semi-automatisée, sans cycloplégie.
Name
Réfraction sous Cycloplégique versus réfraction semi-automatisée chez l’enfant de 6 à 16 ans
Introduction
Matériels et Méthodes
Nous avons inclus de façon prospective, au CHU de Brest, sur une période allant de novembre 2020 à juillet 2021, 115 enfants de 6 à 16 ans consultant pour un dépistage visuel ou une consultation de suivi nécessitant la réalisation d’une réfraction sous cycloplégie. Cette étude a pour but de comparer les valeurs de réfraction obtenues en réfraction cycloplégique versus celles obtenues en réfraction semi-automatisée sans cycloplégique chez l’enfant de 6 à 16 ans. Nous évaluerons également comme critère secondaire la sensibilité et la spécificité de la réfraction semi-automatisée sans cycloplégique du VR800® dans le dépistage des anomalies réfractives.
Résultats
L’équivalent sphérique au Smart brouillard était statistiquement significatif (p < 0,0001) comparé à l’équivalent sphérique de la réfraction sous cycloplégie de -0,25 D [-0,3882 ; -0,1507]. Le Smart brouillard sous-estime donc l’équivalent sphérique de 0,25 D par rapport à la réfraction sous cycloplégique. Il existe une différence statistiquement significative pour le groupe hypermétropie entre le smart brouillard et la réfraction cycloplégique avec une sous-évaluation de l’équivalent sphérique hypermétropique de 0,37 D [-0,4899 ; -0,2507]. En revanche nous ne retrouvons pas de différence dans le sous- groupe myopie entre le smart brouillard et la cycloplégie avec une valeur de P à 0,1960. Le smart brouillard sous-estime la sphère de 0,20 D +/- 0,64 (p < 0,0001). Sur l’astigmatisme, la différence cylindrique était inférieure de 0,25D quel que soit le degré d’astigmatisme. Notre étude retrouve une forte spécificité pour tous les critères de dépistage AFOP concernant les facteurs de risques d’amblyopie(2). Concernant les amétropies sphériques, nous retrouvons une bonne sensibilité. Nous mettons également en évidence que le smart brouillard est peu sensible pour dépister les amétropies cylindriques. A l’inverse nous retrouvons une grande sensibilité dans le dépistage des anisométropie en équivalent sphérique.
Discussion
Le dépistage des facteurs de risques d’amblyopie dont les fortes amétropies, permet de réduire la prévalence de l’amblyopie chez l’enfant de plus de 8 ans de 2,6% à 1%. Des appareils de réfractions semi-automatisée comme le VR800®, permettant la réalisation d’une réfraction sans dilatation, représentent une piste d’intérêt pour le dépistage de première ligne, permettant d’identifier les situations invitant à un examen plus approfondi.
Conclusion
Le VR800® Essilor ne parait pas assez précis et reproductible pour prescrire la correction optique totale chez l’enfant de 6 à 16 ans et ne permet pas de passer outre une réfraction sous cycloplégique, à un âge où le pouvoir accommodatif est maximal. En revanche il apparait être un bon outil de dépistage.