Name
Série de Syndromes Toxiques du Segment Antérieur (TASS) post-chirurgie de la cataracte : identification d’une cause liée à l’implant

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Steven NAHAISI
Auteurs :
Dr Steven NAHAISI
Jean Louis Bourges
Antoine Brezin
Dr Dominique MONNET
Tags :
Résumé

Introduction

Le syndrome toxique du segment antérieur (TASS) est une inflammation stérile post-opératoire, liée à la pénétration intraoculaire d’un agent toxique peropératoire.

L’objectif de l’étude est d’évaluer rétrospectivement l’incidence du TASS parmi les patients hospitalisés pour suspicion d’endophtalmie, et rechercher les facteurs de risques associés.

Patients et Methodes

Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique observationnelle, portant sur les patients hospitalisés à l’Ophtalmopôle de Paris du 1er Janvier 2018 au 1er Septembre 2019 pour suspicion d’endophtalmie post-chirurgie de la cataracte.

Les critères d’exclusion concernaient les chirurgies combinées ou compliquées de rupture capsulaire, les reprises chirurgicales, ainsi que les chirurgies réalisées à l’étranger.

Les données concernant la chirurgie (date, lieu de la chirurgie, implant intraoculaire), le délai d’apparition des symptômes, la présentation clinique initiale et finale ainsi que les résultats des prélèvements microbiologiques ont été recueillis pour l’ensemble des patients.

Le diagnostic de TASS a été confirmé de manière rétrospective devant l’association des critères suivants : acuité visuelle finale < 0,2 logMAR, examen ophtalmologique finale sans signe inflammatoire du vitré et prélèvements microbiologiques stériles.

Résultats

Du 1er Janvier 2018 au 1er Septembre 2019, 28 patients opérés dans 16 centres différents, ont été hospitalisés pour suspicion d’endophtalmie post chirurgie de cataracte simple. Tous ont reçu au moins une série d’injections intravitréennes d’antibiotiques en urgence.

Le diagnostic rétrospectif de TASS a été porté chez 15 patients (53%), opérés dans 7 centres différents. Le délai d’apparition du TASS était en moyenne de 11,4 jours [1-57]. Dans cinq cas (33%) les signes cliniques étaient apparus après le 10e jour post-opératoire.

L’acuité visuelle initiale moyenne était de 2,03 logMAR. Les signes cliniques initiaux étaient une membrane cyclitique (13 patients, 87%), une plainte douloureuse ou un œdème de cornée (11 patients, 73%), un hypopion (10 patients, 67%), une hyalite minime à modérée chez 7 patients (47%) et une hypertonie > 21mmHg chez 4 patients (27%).

A l’examen final, l’acuité visuelle moyenne était de 0.05 logMAR, tous les signes cliniques initiaux avaient régressé.

L’enquête étiologique a mis en évidence un facteur lié à des implants acryliques préchargés conservés en milieu liquide (13 implants, 86%), qui a conduit à une déclaration de matériovigilance.

Discussion

Il s’agit de la première étude qui évalue rétrospectivement l’incidence du TASS parmi des patients traités  pour endophtalmie. Les signes cliniques initiaux étaient comparables entre TASS et endophtalmie. Le délai tardif d’apparition des signes de TASS est un critère d’incrimination des implants intraoculaires. Notre étude a identifié comme facteur de risque la pose d’implants acryliques préchargés conservés dans une solution saline à 0.9%.

La pénétration intraoculaire de NaCl 0.9%, favorisée par le système d'injection prechargée, entrainerait une altération membranaire des tissus environnants, responsable d’une rupture plus importante de la barrière hémato-aqueuse source de la réaction inflammatoire.

Conclusion

L'incidence des TASS est sous-estimée et représente dans notre étude plus de la moitié des suspicions d'endophtalmie post-chirurgie de la cataracte dans un centre d’urgence ophtalmologique. Un changement du liquide de conservation des implants préchargés pour une solution à ionisation controlée (BSS) pourrait réduire l'incidence des TASS.