Dans les pays développés, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de malvoyance et de cécité chez les sujets âgés. Les méthodes actuelles de réhabilitation visuelle de ces patients comprennent apprentissage de l'utilisation de la néofixation et aides optiques de type téléagrandisseurs.
Il existe sur le marché plusieurs implants télescopiques. Ce type d’implant permet d’agrandir l’image projetée sur la rétine et d’affranchir les patients d’une aide optique externe portable. L’efficacité de ces implants a peu été étudiée dans la littérature, au travers de séries de peu de cas. Aucun implant ne bénéficie d’un remboursement en France par la sécurité sociale.
Dans cette étude, nous nous proposons d’étudier l’efficacité et l’innocuité de l’implant télescopique de sulcus SML (Sharioth Macular Lens, Medicontur) chez des patients présentant une déficience visuelle sévère bilatérale par dégénérescence maculaire sévère.
Etude prospective, multicentrique, interventionnelle avec bilan préopératoire, implantation, et bilan postopératoire à M1, M3, M6, M12. Les critères d’inclusion sont les suivants : DMLA sévère bilatérale, meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC de loin < 20/100 et > 20/800 (Snellen), scotome central < 30°, ancienneté de la déficience visuelle centrale < 10 ans, amélioration de 3 lignes de MAVC avec le télescope externe de Keppler (grossissement de 2.5). Les critères de non-inclusion sont les suivants : âge < 50 ans, patient monophtalme anatomiquement, amétropies fortes, pathologie oculaire préexistante autre qu’une maculopathie.
Quinze patients ont été inclus (15 yeux ; 8 droits et 7 gauches). Tous les patients étaient pseudophaques et ont bénéficié d’une implantation par implant SML (Sharioth Macular Lens). L’âge moyen était de 79,2±9,1 ans. L’AVL était évaluée en préopératoire à 45.1±12.9 lettres (échelle ETDRS) et en postopératoire à 40.9±21 lettres à M1, 38.1±20 lettres à M3 et 40.4±19 lettres à M6 . L’AVP à 40cm était évaluée en préopératoire à 13.3±12 lettres (échelle de Galinet) et en postératoire à 10.2±14 lettres à M1, 7.3±7 à lettres M3 et à 10.4±11 lettres à M6. L’AVP à 15cm était évaluée en préopératoire à 25.8±17 lettres (échelle de Galinet) et en postératoire à 16.5±9 lettres à M1, 17.3±10 lettres à M3 et à 19.2±11 lettres à M6. La vitesse de lecture était en préopératoire de 31±36 mots par minutes et en postopératoire de 33.5±38 mots/min, 33.6±36 mots/min, et 46.1±41 mots/min à M1, M3, M6. Le score en échelle de qualité de vie était en préopératoire 73.9±8, et en postopératoire 76.1±5.7 à M1, 75.1±8 à M3 et 77.4±8 à M6. La pression intraoculaire préopératoire était en préopératoire 13,6±4 mmHg et en postopératoire 17.3±4 mmHg à M1, 17.6±4 mmHg à M3 et 12.8±4 mmHg à M6.
Aucune complication peropératoire et postopératoire n’a été rapportée.
Nos résultats sont en faveur de l’innocuité de l’implant SML : il n’était pas relevé d’hypertonie oculaire > 25 mm Hg et aucune complication per ou postopératoire liée à l’implant SML n’a été rapportée. En revanche, nos résultats ne sont pas en faveur d’une amélioration fonctionnelle significative selon les critères d’évaluation prévus dans l’étude.
L’implant SML pourrait être une option intéressante dans la réhabilitation visuelle des patients présentant une déficience visuelle sévère bilatérale sur DMLA. Toutefois, nos résultats préliminaires ne sont pas en faveur d’une amélioration fonctionnelle significative. D’autres études sont nécessaires confirmer ces résultats.