Les traumatismes oculaires perforants de l’enfant constituent une situation clinique fréquente, et représentent une des principales causes de cécité chez l’enfant. Le but de cette étude est de décrire les caractéristiques cliniques et la séquence de prise en charge, d’évaluer le pronostic fonctionnel (corrélé au pediatric ocular trauma score (OTS)) afin d’établir les principaux facteurs pronostic des traumatismes oculaires perforants chez l’enfant ainsi que d’étudier la gestion des séquelles fonctionnelles.
Name
Traumatismes oculaires perforants de l’enfant : devenir visuel, facteurs pronostiques et gestion des séquelles fonctionnelles
Introduction
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 186 enfants présentant un traumatisme oculaire perforant sur une période de 6 ans (juin 2013 à juin 2019).
Résultats
L’âge moyen de nos patients était de 7,5 ± 4,1 ans, avec un sex ratio de 1,3. Les accidents domestiques avec des objets tranchants étaient prédominants (58,6%) suivis par les accidents lors des jeux (39,3%) et les agressions (2,1%). L’acuité visuelle initiale était moins de 1/10 dans 129 cas (69,35 %). La plaie était limitée à la cornée chez 114 enfants, cornéo-sclérale chez 43 cas, et sclérale chez 29 cas. L'évaluation ophtalmologique initiale a noté la présence d’hyphéma dans 34 cas, cataracte dans 72 cas, issue du vitré et/ ou de la choroïde dans 54 cas, 6 cas de corps étranger intraoculaire et 21 cas d’hémorragie intravitréenne. Le délai moyen de prise en charge initiale était de 49,5h. La conduite thérapeutique consistait en une suture de la plaie avec traitement des lésions associées (lavage d’hyphéma, lavage des masses cristalliniennes). La moyenne de l’OTS était de 70,2+/-8,34. La survenue des complications immédiates (cataracte et/ou réaction inflammatoire) a été notée chez 63 cas et des complications tardives (astigmatisme irrégulier, leucome, néovaisseaux cornéens...) chez 52 cas. Une phtyse du globe a été notée dans 12 cas. La chirurgie de cataracte a été pratiquée secondairement dans 107 cas, alors que la kératoplastie transfixiante a été réalisée chez 12 malades. Tous les enfants ont bénéficié d’une correction optique après ablation de fils (lunettes ou adaptation par des lentilles de contact) et d’un traitement d’amblyopie adapté à l’âge. L’acuité visuelle finale après un recul moyen de 18mois (+/-5,58) était ≥ à 5/10 chez 39,25%. La sensibilité de l’OTS de prédire l’acuité visuelle finale était de 95% avec une spécificité de 92%. Les facteurs pronostiques suivants ont été jugés significativement associés à l'acuité visuelle finale: L’âge (p˂0,0001), l’acuité visuelle préopératoire (p=0,0002), le type et la taille de la plaie (p=0,0005), le délai de prise en charge (p=0,001) et la présence d’atteinte du segment postérieur (p˂0,0001).
Discussion
Les traumatismes oculaires de l'enfant constituent un véritable problème de santé publique où les enjeux de prise en charge restent de taille. En plus de leurs répercussions initiales au moment de leur survenue ces traumatismes peuvent laisser des séquelles graves pouvant compromettre le pronostic visuel, d'où l’intérêt d'un suivi rigoureux afin d'optimiser la prise en charge.
Conclusion
Malgré une prise en charge rapide et adéquate, les traumatismes oculaires de l'enfant demeurent responsables de la perte fonctionnelle et parfois anatomique de nombreux globes oculaires. Des mesures préventives doivent être prises afin de diminuer le risque de ces accidents redoutables.