Le protocole RNO (Renouvellement Optique) autorise un/une orthoptiste à réaliser un bilan visuel dans le cadre du renouvellement d’une correction optique chez des personnes âgées de 6 à 50 ans sans pathologie connue. Ce protocole comporte, entres autres, la réalisation de rétinographies. L’utilisation du logiciel d’Intelligence Artificielle (IA) OphtAI® (Evolucare, Villers-Bretonneux, France) permet une interprétation automatique de ces photographies avec détection, entres autres, d’anomalies évoquant le diabète, le glaucome ou la DMLA. L’objectif de l’étude a été d’analyser, en vraie vie, les résultats de cette interprétation.
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Usage de l’intelligence artificielle en vraie vie dans un protocole RNO
Introduction
Matériels et Méthodes
Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique sur 1028 patients ayant bénéficiés d’une consultation en protocole RNO entre juillet 2021 et octobre 2021.
Résultats
La population de l’étude comprend 1028 patients, soit 2056 yeux. Le logiciel d’IA a retrouvé une anomalie dans 149 yeux chez 107 patients soit 7,2 % du nombre total d'examens. Les rétinographies ont été par la suite vues par un ophtalmologiste. Aucune anomalie n’a été retrouvée parmi les clichés considérés comme normaux par l’IA. Concernant le dépistage des pathologies, la sensibilité globale de l’IA dans notre cohorte a été de 100 % avec une spécificité de 94,5%. La pathologie la plus souvent suspectée a été le glaucome (4.3%), suivi de la rétinopathie diabétique (1,02%), la présence de drusen (0.77%), la dégénérescence maculaire liée à l’âge (0.58%) et la présence d’un œdème maculaire (0.53%). La 2ème lecture par l’ophtalmologiste a confirmé une anomalie chez 32 yeux (1.6%) ; la plus fréquente étant une excavation glaucomateuse. La spécificité du dépistage d’une excavation pathologique a été de 96.1%. Les faux positifs correspondent à des grandes papilles avec une excavation physiologique. La spécificité concernant la dégénérescence maculaire liée à l’âge ou la présence de drusen a été de 98.6% ; les faux positifs étant dus à des clichés de mauvaise qualité avec des reflets. La spécificité concernant la rétinopathie diabétique a été de 99% ; les faux positifs étant dus aussi à la mauvaise qualité des rétinographies. Dans d’autres cas, l’IA avait détecté une anomalie du fond d’œil mais l’avait mal catégorisé. Un nævus rétinien, une zone d’hyperpigmentation, une cicatrice de foyer probablement toxoplasmique, un staphylome myopique et des taches rétiniennes aspécifiques ont été découverts.
Discussion
Le protocole RNO est accessible aux personnes, de 6 à 50 ans, n’ayant pas de pathologie ophtalmologique connue. Cette sélection explique en partie la très bonne sensibilité et spécificité globale (100% et 94,5%) de notre cohorte. La classification en excavation papillaire pathologique de certaines excavations physiologiques a fait légèrement baisser la spécificité. L’algorithme pourrait progresser sur ce point. La qualité des rétinographies est aussi un point important à respecter afin d’avoir de bonnes performances de l’IA bien qu’elle n’ait pas été un frein important dans notre cohorte. L’intégration de l’IA à notre logiciel métier (Area®, Soletys, Joue-sur-Erdre, France) a permis une utilisation fluide et non chronophage de l’IA pour les orthoptistes et les ophtalmologistes. La très bonne sensibilité en fait un outil performant pour le dépistage de masse et une aide intéressante pour les ophtalmologistes avec une bonne spécificité.
Conclusion
Notre étude de vraie vie sur une cohorte de patients bénéficiant du protocole de renouvellement optique RNO confirme la très bonne sensibilité et spécificité du logiciel d’IA OphtAI® pour la détection des principales anomalies d’une rétinographie du pôle postérieur.