Détection de SARS-CoV-2 dans les larmes de patients COVID+

Fenolland Jean-Rémi
Rousseau Antoine

Revue de la presse de mars 2021

Auteurs : Jean-Rémi Fénolland, Antoine Rousseau
Coordination : Marc Labetoulle

Revues sélectionnées :
Ophthalmology, JAMA Ophthalmology, IOVS, Progress in Retinal and Eye Research, Current Opinion in Ophthalmology, Survey of Ophthalmology, Journal of Cataract and Refractive Surgery, American Journal of Ophthalmology, British Journal of Ophthalmology, Retina, Cornea, Nature, Lancet, NEJM, Science.


Détection de SARS-CoV-2 dans les larmes de patients COVID+

La présence du SARS-CoV-2 dans les larmes des patients présentant un tableau de COVID-19 a été mise en évidence de façon précoce, cependant l’étude de Arora et al. publiée dans la revue Ophthalmology apporte quelques précisions chez des patients indemnes de toute symptomatologie ophtalmologique.

 

Les patients inclus dans cette étude présentaient tous une COVID-19 de forme modérée à sévère confirmée biologiquement par une RT-PCR nasopharyngée sans manifestation ophtalmologique. Les prélèvements ophtalmologiques ont été réalisés dans les 48 heures du diagnostic biologique. Les auteurs souhaitaient comparer la rentabilité diagnostique d’une RT-PCR des larmes selon 3 types différents de prélèvement  : soit un test de Schirmer (bandelette laissée en place pour une durée de 3 minutes), soit un écouvillonnage conjonctival réalisé après rétraction de la paupière inférieure et avec écouvillonnage de 10 secondes, soit enfin l’association des deux méthodes précédentes (test de Schirmer et écouvillonnage conjonctival). Tous les prélèvements étaient réalisés de manière bilatérale.

 

Un total de 225 prélèvements de 75 patients ont été analysés dans cette étude. Sur les 75 patients inclus, 18 patients (24%) avaient au moins un des trois prélèvements positifs. Seulement 5 patients (7%) étaient positifs avec les 3 méthodes de prélèvement. Le taux de positivité était de 12,9% pour les 3 groupes confondus. Ce taux était de 14,7% pour deux groupes : celui associant les 2 méthodes (Schirmer et écouvillonnage) et le groupe écouvillonnage conjonctival seul. La positivité était plus basse, à 9,7% dans le groupe Schirmer, différence toutefois non significative p=0,3105 avec les deux autres groupes. Les charges virales étaient estimées à partir de la valeur de seuil de cycle (Ct) du gène E, gène qui code pour une des protéines de l’enveloppe de SARS-CoV-2. Ces charges virales étaient identiques quelle que soit la méthode utilisée (p=0,92) et variaient de 27,86 à 29 Ct. Il y avait néanmoins une charge virale significativement plus importante pour les 5 patients qui avaient tous leurs prélèvements positifs (p =0,029).

 

Voici donc une étude qui retrouve une PCR positive dans les larmes chez 24% des patients testés en dehors de toute symptomatologie ophtalmologique. Les auteurs rappellent que le gold standard, selon eux, reste l’écouvillonnement conjonctival et que le test de Schirmer seul ou associé à un écouvillonnage conjonctival ne semble pas présenter, d’après leurs résultats, une rentabilité diagnostique majeure. Cependant pour d’autres équipes, ces résultats peuvent prêter à controverse car d’une part les résultats de cette publication ne démontrent pas de supériorité d’une méthode par rapport à une autre et que d’autre part le test de Schirmer est nettement plus pratique et confortable à réaliser pour un patient qu’un écouvillonnage conjonctival. Enfin, rappelons également que le test de Schirmer ne prélève que des larmes alors que l’écouvillonnage conjonctival prélève en sus des cellules conjonctivales, ce qui peut légitimement surestimer le risque de transmission virale.

 

Arora R, Goel R, Kumar S, Chhabra M, Saxena S, Manchanda V, Pumma P. Evaluation of SARS-CoV-2 in Tears of Patients with Moderate to Severe COVID-19. Ophthalmology. 2021 Apr;128(4):494-503.

 

Reviewer : Antoine Rousseau, thématique : COVID-19