L’imagerie en OCTA dans la démence de type Alzheimer.

Revue de la presse d'avril 2021

Auteurs : Jean-Rémi Fénolland, Antoine Rousseau
Coordination : Marc Labetoulle

Revues sélectionnées :
Ophthalmology, JAMA Ophthalmology, IOVS, Progress in Retinal and Eye Research, Current Opinion in Ophthalmology, Survey of Ophthalmology, Journal of Cataract and Refractive Surgery, American Journal of Ophthalmology, British Journal of Ophthalmology, Retina, Cornea, Nature, Lancet, NEJM, Science.


L’imagerie en OCTA dans la démence de type Alzheimer.

La revue de presse de novembre 2018 soulignait l’intérêt d’une publication sur la corrélation entre manifestations précliniques de la démence de type Alzheimer (DTA) et augmentation de l’aire la zone avasculaire centrale (ZAC) mesurée en OCT angiographie (OCTA), ainsi qu’un amincissement significatif de l’épaisseur de la rétine externe 1. Ce constat était d’autant plus intéressant que la DTA dans une forme préclinique se diagnostique, classiquement, en recherchant des biomarqueurs de substance amyloïde en imagerie de type PET Scan, ou grâce à une ponction lombaire de LCR, qui sont des examens invasifs et/ou chers.

Initialement, la cohorte de patients étudiés comportait 30 patients pré-DTA et 30 sujets indemnes d’affection neurologique ou de diabète. Au bout de 3 ans de suivi, il n’y avait malheureusement plus que 9 patients du groupe « préDTA », et 11 du groupe témoin encore suivis dans la cohorte. Les biomarqueurs (PET scan et/ou LCR) étaient positifs pour tous les patients du groupe préDTA et négatifs pour tous ceux du groupe témoin. D’autre part les sujets étaient également suivis à l’aide d’épreuves neuropsychométriques : au bout des 3 ans de suivi, un seul des patients du groupe « préDTA » avait développé une démence légère tandis que l’ensemble des autres ne présentaient pas d’évolution clinique. Concernant les données de l’OCTA, l’aire de la ZAC étaient significativement plus importante (0,368 vs. 0,272 mm2, p=0,03) sans que la vitesse de changement annuel ne diffère entre les deux groupes (-0,0006 vs. +0.0048 mm2/an, p>0,05). A contrario de l’étude initiale, les auteurs ne mettaient pas en évidence, cette fois-ci, de différence d’épaisseurs au niveau de la rétine externe.

Cette étude souffre bien entendu d’une limite majeure, celle d’un faible effectif dans les deux groupes, qui s’explique par les patients perdus de vue à 3 ans. Une de ses forces repose néanmoins sur la réalisation de PET scans et de dosage de substance amyloïde dans le LCR, ce qui permettait de qualifier les patients de préDTA ou de témoin avec une grande rigueur. Un nouveau point de suivi de la cohorte est attendu à 5 ans, avec le risque d’effectifs encore amoindris. Cependant, les résultats initiaux, très encourageants, devraient favoriser la mise en place d’études de plus grande envergure sur ce sujet important pour une maladie dont la prévalence ne cesse d’augmenter.

 

O'Bryhim BE, Lin JB, Van Stavern GP, Apte RS. OCT Angiography findings in preclinical Alzheimer's disease: 3-Year follow-up. Ophthalmology. 2021 Feb 19:S0161-6420(21)00128-7.

1 O’Bryhim BE, Apte RS, Kung N, et al. Association of preclinical Alzheimer disease with optical coherence tomographic angiography findings. JAMA Ophthalmol. 2018;136:1242e1248.

 

Reviewer : Jean-Rémi Fénolland, thématique : neuro-ophtalmologie