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002 - Evaluation de la conduite sur simulateur lors d’atteinte du champ visuel par neuropathie optique : identification de mécanisme de compensation

Les neuropathies optiques constituent la seconde cause de cécité dans les pays développés et aboutissent à une destruction progressive du nerf optique qui entraine des déficits de champ visuel pouvant affecter la conduite automobile. L’objectif primaire de cette étude expérimentale était d’évaluer les capacités à la conduite des personnes atteintes de neuropathie optique ayant un déficit de champ visuel par rapport à un conducteur sain. Le second objectif étant une mise en évidence et une meilleure compréhension des mécanismes de compensation indispensables au maintien de la conduite automobile.

Une étude expérimentale sur un simulateur de conduite a été menée de mai 2015 à mai 2017. Les patients étaient âgés de plus de 18ans ayant un diagnostic de neuropathie optique avec atteinte du champ visuel, titulaire d’un permis B français et conservant une activité de conduite régulière ainsi qu’un groupe témoin. Après un bilan ophtalmologique, ils ont effectué 5 tests sur le simulateur mesurant le champ visuel statique, la capacité des participants à diviser leur attention lors d’explorations multitâches ainsi que leur aptitude à faire face à des évènements critiques. Un questionnaire relatif à leurs habitudes de conduite  leur a été demandé. ils ont réalisé le test du Trail Maiking A et B.  L’analyse du critère principal correspondait à la comparaison des pertes de champ visuel entre scénario statique et scénarii dynamiques avec conduite active entre les patients et les témoins. L’analyse secondaire se référait aux variables susceptibles d’intervenir dans la stratégie d’adaptation comportementale : comparaison des différences de vitesse, écart à la voie et temps de détection des stimuli entre les 2 groupes.

42 participants (moyenne d’âge 54ans, 52% de femme), 21 patients atteints de neuropathie optique avec déficits visuels et 21 contrôles ont participé à l’expérimentation.

La comparaison des 2 groupes a mis en évidence qu’il existait une différence de résultats en fonction du facteur concernant la vitesse. Si on ne considère pas ce facteur, il y aurait une différence statistiquement significative entre les patients et les témoins (perte de champ visuel en moyenne de 16.67° contre 5° entre scénario 2 et 1, p<5% et 27° contre 5.26 entre scénario 3 et 1, p<5%), quelle que soit l’ampleur du déficit, la conduite automobile impacterait plus le champ visuel des personnes ayant un déficit sensoriel. Si on considère la vitesse, la différence n’est plus significative.

Cette étude a montré une différence de comportement entre les patients. Plusieurs d’entre eux ont mis en place des stratégies compensatoires efficaces ; ils ont réussi à dissocier leur attention entre la conduite sur le simulateur et la détection des stimuli et ont obtenus des résultats similaires aux témoins. En revanche les autres se sont trouvés en difficulté devant cet exercice et leurs capacités se sont effondrées avec comme conséquence une perte de champ visuel importante et la réduction de leur vitesse de conduite.

Le mécanisme de compensation mis en évidence serait l’exploration visuelle. Nous ne sommes pas parvenus à définir quelles étaient les raisons qui expliquaient ces différences de performance - le nombre de patients n’étant pas suffisant pour pouvoir les comparer entre eux. Cependant, une analyse en composante principale montre que l’ancienneté de la maladie et les capacités cognitives du sujet semblent se corréler à la performance fonctionnelle.