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065 - Influence du corneal cross-linking sur les frottements oculaires, la kératométrie et la biomécanique cornéenne

De nombreuses études retrouvent un lien de causalité entre frottements oculaires et Kératocône (KC). Par ailleurs, de nombreuses études montrent l’efficacité du corneal cross-linking (CXL) dans le traitement de cette pathologie. Il nous est apparu intéressant d’évaluer le retentissement du CXL sur les frottements oculaires. Nous avons également étudié son effet sur la biomécanique cornéenne.

Nous avons inclus consécutivement et prospectivement une série de 36 patients, 42 yeux devant bénéficier d’un CXL Epi- OFF accéléré (A-CXL) pour KC évolutif. Les patients remplissaient un questionnaire détaillant les modalités précises des frottements oculaires et l’éventuel impact du CXL sur la diminution des frottements. Un examen clinique complet, incluant la sensibilité cornéenne centrale comparative, une topographie cornéenne (OCT CASIA 2), une évaluation de la biomécanique cornéenne par CORVIS ST furent réalisés en préopératoire, puis à 1 et 3 mois post opératoire. 

Dans notre population, 79% des patients étaient des hommes, l’âge moyen était de 24.7 ans. Le taux de patient déclarant se frotter les yeux fréquemment était de 92,3% en pré-opératoire. On note une diminution de ce pourcentage à 1 et 3 mois post-opératoire (p<0.001). A 3 mois post opératoire, 93.7% des patients pensaient que le CXL avait diminué leurs frottements : 44,4% immédiatement, 33,3% après une semaine et 22,2% après 1 mois. En préopératoire, 60% se frottaient 1 à 9 fois par jour ; à M1 ils n’étaient plus que 36.1% et 22.2% à M3. La sensibilité cornéenne avait diminué au 1 er mois post opératoire chez les patients ayant eu un CXL en comparaison avec l’œil non opéré (p=0.012), mais pas significativement au 3 ème mois (p=0.224). Les données kératométriques centrales restaient stables au dernier suivi. La pachymétrie était diminuée à un 1 et 3 mois post-opératoire (p= 0.011 et p= 0.023). Aucune des données rapportées par le CORVIS ST sur la biomécanique cornéenne ne s’étaient modifiées significativement dans le suivi.

Ces résultats préliminaires démontrent que le CXL permet de diminuer les frottements oculaires en terme de fréquence et de durée de frottements. Ceci peut être dû à une diminution de la sensibilité cornéenne secondaire à l’altération transitoire du plexus nerveux cornéen superficiel lors de l’opération. Les patients ressentent le bénéfice de ce traitement sur ce point. D ‘après les données du CORVIS  ST, le CXL ne semble pas durcir significativement la cornée in vivo. 

Nous postulons que l’efficacité du CXL pour inhiber l’évolution du le Kératocône est, au moins partiellement, due à son pouvoir inhibiteur sur les frottements oculaires. Une étude de plus large ampleur devrait permettre d’approfondir les mécanismes mis en jeux.