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076 - Efficacité de l’arrêt du frottement oculaire dans la stabilisation du kératocône : 2 années de suivi

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Orateurs :
Adrien Mazharian
Auteurs :
Adrien Mazharian
christophe panthier
Romain Courtin
Alain Saad
Damien Gatinel
Tags :
Résumé

Introduction

L’objectif de l’étude était d’étudier si l’arrêt définitif du frottement oculaire était efficace dans la stabilisation du kératocône sur le long terme.

Patients et Methodes

Il s’agissait d’une étude de cohorte prospective monocentrique réalisée à la Fondation Ophtalmologique Rothschild (Paris, France), avec des patients âgés entre 15 et 50 ans présentant un kératocône (KC), inclus consécutivement entre juin 2015 et juin 2018. Nous leurs avons demandé d’arrêter définitivement de se frotter les yeux lors de l’inclusion, et veillé au respect de ce critère au cours du suivi à 1,3,6,12,24,36,48 et 60 mois. Nous avons étudié à chaque visite par rapport à baseline, les variations de moyennes de la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC), de la kératométrie maximale (Kmax), de la kératométrie minimale (Kmin), de la kératométrie simulée (SimK), du cylindre topographique (Cyl) et de l’épaisseur cornéenne centrale (CCT) pour suivre l’évolutivité du kératocône au cours du suivi, utilisant Pentacam et Orbscan II. Ces données ont été mises en ligne de manière anonymisée avec le suivi des examens sur un site internet que nous avons élaboré : https://defeatkeratoconus.com/. Le critère de jugement principal était donc l’évolutivité du kératocône, une aggravation étant défini par une augmentation de > 1,0 D de la Kmax, une augmentation de > 1,0 D de l'astigmatisme topographique (Cyl), ou une diminution de > 5% de l'épaisseur cornéenne centrale sur une année. L’analyse statistique a été réalisé par un statisticien indépendant effectuant la comparaison des moyennes par rapport à baseline par un test Student.

Résultats

Notre étude comprenait 126 yeux, pour 82 patients atteints de kératocône, avec un âge moyen de 27 ans et une durée moyenne de suivi qui était de 28.8 mois. La majorité des cas étaient des formes bilatérales (85.7 %). Concernant la MAVC, la comparaison des moyennes de chaque visite par rapport à baseline montrait une stabilité significative jusqu’à 3 ans (+0.01 ; p=0.04).  Au sujet des données kératométriques, il existait également une stabilité significative jusqu’à 3 ans pour la Kmax (+0.06 ; p=0.02), la Kmin (-0.07 ; p=0.03), la Kmean (+0.07 ; p=0.04), et la SimK (+0.13 ; p=0.02). Quant au cylindre topographique (Cyl), il restait stable de manière significative sur 2 ans (+0.01 ; p=0.04). Enfin, il existait également une stabilité significative sur 4 ans de l’épaisseur cornéenne centrale (CCT) (+3.60 ; p=0.04), après arrêt des frottements oculaires.

Discussion

Nos données semblent être en accord avec les connaissances décrites dans la littérature actuelle concernant la physiopathologie du kératocône. L’implication du frottement oculaire dans l’apparition et la progression du kératocône est bien décrite, néanmoins aucune étude n’a étudiée à ce jour l’évolution de cette maladie après arrêt définitif du frottement oculaire. En effet, nous suggérons fortement que le développement et la progression du kératocône exige très probablement une influence environnementale, tel un traumatisme cornéen vigoureux et répété comme le frottement oculaire, et que l’arrêt de ce facteur mécanique participerait à l'équilibre de la biomécanique cornéenne et ainsi à la stabilisation de cette pathologie. Des études plus importantes en nombre de sujets et en durée sont nécessaires pour consolider ces données

Conclusion

Nos données suggèrent que l'arrêt définitif du frottement oculaire semble être une option efficace et sûre pour permettre la stabilisation du kératocône sur une longue allant jusqu'à deux ans.