L'uvéite antérieure (UA) à Cytomégalovirus (CMV) de l'immunocompétent est une entité clinique potentiellement grave pour laquelle il n'existe pas de traitement consensuel. Les caractéristiques cliniques de l'UA à CMV ainsi que son pronostic au long cours ont principalement été décrits en Asie. L'objectif de cette étude était de rapporter les spécificités des formes cliniques observées en France ainsi que leur réponse à deux modalités de traitement antiviral.
Name
088 - Uvéite antérieure à cytomégalovirus de l'Immunocompétent : caractéristiques cliniques et profil évolutif
Introduction
Patients et Methodes
Etude rétrospective monocentrique. Tous les patients immunocompétents ayant une UA à CMV prouvée virologiquement entre 2002 et 2012 et dont le suivi était supérieur à un an ont été inclus. Pour chaque patient, l’acuité visuelle (AV, décimales), la pression intraoculaire (PIO), l’analyse clinique du segment antérieur et du fond d’œil étaient colligés initialement et lors de la dernière visite. Le nombre de poussées était également rapporté sur la durée du suivi. Tous les patients ont reçu un traitement antiviral systémique composé d’une phase d'induction (Ganciclovir IV pendant 8 jours ou Valganciclovir per os pendant 3 semaines) et d’une phase d'entretien (Valganciclovir per os pour une durée minimale de 4 semaines). Les caractéristiques cliniques des patients ainsi que la réponse comparative aux deux modalités de traitement d’induction ont été analysées.
Résultats
36 yeux de 35 patients (22 hommes, 13 femmes) ont été inclus. L’âge moyen au diagnostic était de 55.5 ans. La durée moyenne de suivi était de 4.13 ans. Caractéristiques cliniques et profil évolutif: Les présentations cliniques étaient de type Posner Schlossmann, UA non spécifique (NS), syndrome de Fuchs et endothélite dans 69,4%, 30,6%, 0% et 0% des cas. L’AV moyenne initiale était de 0.76. Des précipités rétro cornéens étaient observés dans 91,4% des cas et une atrophie irienne dans 25,7% des cas au diagnostic. La PIO moyenne initiale était de 29.19 mmHg, nécessitant l’instauration d'une moyenne de 1.97 collyres antiglaucomateux. Des déficits campimétriques étaient initialement notés dans 52.9% des cas et plus fréquemment en cas d’UA NS. Une chirurgie filtrante était nécessaire dans 25.7% des cas. Une initiation précoce des antiviraux (≤700 jours du début des symptomes) était associée à un recours moindre à la chirurgie du glaucome (8,3% versus 34,7% pour les groupes ≤700 et >700 jours). Le traitement d’induction a comporté du Valganciclovir per os dans 40% des cas et du Ganciclovir IV dans 60% des cas. La durée du traitement d’entretien était en moyenne de 6.16 mois. Au total, 94.2 % des patients ont répondu à la première ligne de traitement antiviral. Une récurrence a été rapportée dans 73.5% des cas, en moyenne 6 mois après l’arrêt des antiviraux. Un traitement d'entretien> 6mois n'a pas démontré de bénéfice sur la diminution du nombre de poussées. Réponse comparative aux deux modalités d'induction: Les deux modalités de traitement d’induction ont permis d’obtenir des résultats similaires en terme de gain d’AV, de diminution de la PIO et du nombre de poussées. Un recours plus fréquent à la chirurgie filtrante était rapporté en cas d’induction par voie IV.
Discussion
Les caractéristiques de l'UA à CMV présentent des particularités chez le Caucasien. Une initiation précoce des antiviraux permettrait de diminuer le recours à la chirurgie filtrante. La durée du traitement d'entretien ne réduirait pas le nombre de poussées au delà de 6 mois.
Conclusion
L'UA à CMV de l'immunocompétent est une entité potentiellement cécitante qu'il faut diagnostiquer et traiter précocément.