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089 - Spectre clinique et résultats de la maladie de Vogt-Koyanagi-Harada : une analyse rétrospective d’une série tunisienne

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Orateurs :
Dr Ilham Nesria MILI BOUSSEN
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Résumé

Introduction

L’uvéite au cours de la maladie de Vogt-Koyanagi-Harada (VKH), affection inflammatoire granulomateuse auto-immune multi-systémique, est une des causes les plus courantes d’uvéite postérieure. Son diagnostic est aisé, sur des signes cliniques. Son traitement est basé sur les anti-inflammatoires puissants systémiques prolongés, initié par des corticostéroides à forte dose et relayés par des immunosuppresseurs. Son évolution est caractérisée par les risques de récidives et passage à la chronicité qui peuvent compromettre le pronostic visuel. Le but de notre étude était de décrire les aspects cliniques, les options thérapeutiques et le pronostic visuel de l’uvéite au cours du VKH dans un centre hospitalo-universitaire du Grand Tunis.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective des patients présentant une uveite liée à la maladie de VKH, colligés sur une période de 15 ans (2001-2016) dans un centre hospitalo-universitaire du Grand Tunis. Les dossiers des patients ont été étudiés avec analyse du profil clinique, des complications et des options thérapeutiques.

Résultats

Un total de 53  yeux de 27 patients a été colligé pendant la période d’étude.

Le sex ratio était à 0,5, l’âge moyen de 36,22 ans (SD 16,50ans, Médiane=38 ans, 12-61 ans). L’acuité visuelle initiale en vision de loin était en moyenne de 1,35 +/- 0,65 logMAR. Il existait une uvéite antérieure dans 65,3% des cas. L’atteinte du segment postérieur était dominée par l’œdème papillaire (82,6%) et le décollement séreux rétinien (DSR) (82,6%) à l’examen du fond de l’œil, avec une vasculopathie choroidienne dans 100% des cas en angiographie en infracyanine, un DSR avec septa dans 76% des cas en tomographie par cohérence optique et un épaississement choroidien en ulltrasonographie dans 82,9% des cas. Seuls 56% des cas présentaient une manifestation extra-oculaire. La durée moyenne de la pleine dose de corticothérapie systémique (CTS) était de 4,2 mois, et la durée moyenne de dégression de 6 mois. 51% des patients étaient sous immunosuppresseurs (IS). Au moins une récurrence a été notée chez 11/27 patients (42,9%) , nécessitant une CTS dans 6 cas et des IS dans 2 cas. Après un recul moyen de 4,4 ans, l’acuité visuelle finale en vision de loin était en moyenne de 0,57 +/-0,84 logMAR. Le délai entre le début de la symptomatologie et le diagnostic positif a représenté un facteur de risque de complication (p=0,011) et de récidive inflammatoire (p= 0,018). L’acuité visuelle < 1/10 à un mois de traitement était le facteur de risque les plus significatif, que ce soit de point de vue du risque de complications de l'uvéite (p=0,032) que du pronostic visuel final (p= 0,001).

Discussion

Les aspects cliniques de l’uvéite de la maladie de VKH dans notre série ne présentaient pas de particularité, ni épidémiologiques, ophtalmoscopiques , angiographiques ni tomographiques par arpport aux autres séries de la littérature.  Par contre le diagnostic positif a été tardif, influençant nettement sur le pronostic final.

Conclusion

Le diagnostic de l’uvéite au cours de la maladie de VKH doit se poser le plus précocement possible avec initiation d’un traitement anti-inflammatoire puissant et agressif en urgence, seul garant d’un résultat optimal. Cette prise en charge particulière permettrait de minimiser au mieux les récidives et le passage à la chronicité inflammatoires, source de pronostict visuel défavorable.