La photophobie est un symptôme fréquemment retrouvé en consultation, qui doit être différencié de l’éblouissement. Il est associé à de nombreuses causes, notamment ophtalmologiques et neurologiques. L’objectif de ce travail était de mettre en évidence de manière rétrospective les pathologies rencontrées et associées à la photophobie en fonction du sexe et de l’âge au sein de la consultation d’ophtalmologie du CHU d’Amiens.
Name
105 - Photophobie : étude épidémiologique rétrospective au CHU d'Amiens
Introduction
Patients et Methodes
Les patients ont été recrutés de manière rétrospective entre juin 2010 et juillet 2017, au sein de la consultation d’ophtalmologie programmée et d’urgence du CHU d’Amiens, à l’aide du logiciel de recherche Ophtalmo Query, relié au logiciel de consultation Softalmo utilisé dans le service. Les patients pour lesquels le terme « photophobie » a été utilisé au cours d’une consultation étaient détectés par Ophtalmo Query et répertoriés au sein d’un fichier Excel. Les données ont ensuite été extraites manuellement afin de classer les patients par étiologies en fonction de l’âge et du sexe.
Résultats
Au total, 3278 patients ont été inclus dans l’étude, 1431 femmes (43.65%) et 1847 hommes (56.35%). 329 (10,04%) patients étaient âgés de moins de 20 ans, 2264 (69.07%) patients avaient entre 20 et 60 ans et 685 (20.89%) plus de 60 ans. Toutes catégories confondues, les principales étiologies retrouvées étaient : kératite et ulcère de cornée post-traumatique (29.99%), kérato-conjonctivite d’origine infectieuse (22.76%), sécheresse oculaire (7.05%), uvéites (6.62%), cataracte (4.42%) et un trouble réfractif (2.29%). En dehors des ulcères traumatiques et des kérato-conjonctivites infectieuses, la kérato-conjonctivite allergique représentait 18.54% des étiologies de photophobie chez les moins de 20 ans. Quant aux patients âgés entre 20 et 60 ans, les uvéites et la sécheresse oculaire représentaient respectivement 7.60% et 5.39% des étiologies derrière l’ulcère traumatique (36.49%) et les kérato-conjonctivites infectieuses (14.88%). Chez les plus de 60 ans, la cataracte (17.66%) et la sécheresse oculaire (14.45%) sont les deux étiologies les plus fréquemment retrouvées derrière les kérato-conjonctivites infectieuses (22.63%). La migraine, une étiologie très souvent reliée à la photophobie n’a été diagnostiqué que chez 1.52% des patients dans cette étude. Aucune étiologie n’a été retrouvée chez 77 patients (2.35%).
Discussion
Les étiologies de la photophobie sont extrêmement variées. Dans la littérature, les principales pathologies rencontrées sont la sécheresse oculaire, la migraine, le blépharospasme essentiel bénin et les traumatismes crâniens. Certainement, les résultats différent de ceux de la littérature, car ils ne concernent que des patients recrutés en ophtalmologie, notamment au sein de la consultation d’urgence. Malgré sa forte prévalence, le mécanisme de la photophobie n’est encore que partiellement élucidé. Cependant, des preuves récentes indiquent que les cellules ganglionnaires à mélanopsine jouent un rôle clé dans la physiopathologique de la photophobie.
Conclusion
La photophobie est un symptôme commun à de nombreuses étiologies en ophtalmologie dont l’origine peut être autant cornéenne, que cristallinienne, ou même rétinienne. La photophobie peut être également retrouvée malgré un examen ophtalmologique normal comme dans la migraine ou les traumatismes crâniens. Tout ceci en fait un symptôme complexe dont tous les mécanismes physiopathologiques ne sont pas encore élucidés.