Le collyre au sérum autologue constitue actuellement une alternative thérapeutique précieuse dans les affections sévères de la surface oculaire vu son rôle important dans la réparation et la régénération tissulaire. Nous rapportons l’expérience de l’hôpital militaire de Guelmim en matière de préparation et d’utilisation des collyres de sérum autologue chez les patients du sud du Maroc souffrant de sécheresse oculaire et de déficits épithéliaux cornéens persistants.
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123 - Le sérum autologue : une alternative sûre et efficace pour le traitement des pathologies de la surface oculaire. A propos d’une série du sud du Maroc
Introduction
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude observationnelle rétrospective monocentrique menée sur 49 patients du sud du Maroc, soit 88 yeux traités par collyre de sérum autologue dilué ou non et préparé au sein du service d’ophtalmologie du 5ème Hôpital Militaire de Guelmim, entre Janvier 2017 et Octobre 2018. Les patients étaient suivis pour syndrome sec oculaire sévère et ulcérations cornéennes persistantes. Les symptômes subjectifs des patients, les données de l’examen biomicroscopique associé à une exploration des éléments de la surface oculaire par un test de schirmer, une mesure du break-up time et une coloration cornéenne à la fluorescéine ont été recueillis.
Résultats
49 patients (88 yeux) ont été inclus dans cette étude. L’âge moyen était de 50,4 ± 20,3 ans dont 32 femmes et 17 hommes. Les indications thérapeutiques comprenaient 36,73% de syndrome de Goujerot-Sjögren primaire, 44,89% de syndromes secs oculaires secondaires à des pathologies systémiques, 8 cas de kératites neurotrophiques et 4 cas de kérato-conjonctivites atopiques. Les collyres de sérum autologue ont été préparés exclusivement au sein du service d’ophtalmologie selon un protocole simplifié. Leur dilution, leur fréquence et leur durée d’administration étaient adaptées à l’affection traitée. Les patients ont rapporté une amélioration significative des signes fonctionnels dans 37% des cas et une amélioration partielle dans 56% des cas. Une amélioration objective complète des données initiales de l’examen a été obtenue dans 33% des cas et une amélioration partielle dans 52% des yeux. Aucun cas d’infection oculaire n’a été observé au cours du suivi.
Discussion
Le sérum autologue permet d’apporter des facteurs trophiques à la surface oculaire et constitue une approche thérapeutique précieuse en cas d’affections résistantes aux traitements conventionnels. En effet, son utilisation a été bien tolérée et ses effets bénéfiques largement ressentis par nos patients qui vivent, pour la plupart d’entre eux, dans des conditions environnementales défavorables et manquent le plus souvent de moyens financiers pour bénéficier d’un traitement onéreux.
La préparation du sérum autologue par notre équipe a permis de faciliter l’accès des patients à ce traitement et de mieux contrôler les conditions de sa production, sa conservation et son utilisation.
L’absence d’infection et d’effets secondaires indésirables majeurs liés à l’utilisation du sérum autologue nous a incité à l’intégrer davantage dans notre arsenal thérapeutique.
Conclusion
Le sérum autologue a prouvé son efficacité dans le traitement des affections sévères de la surface oculaire. Son utilisation devrait ainsi être vulgarisée et ses indications élargies à d’autres pathologies oculaires. Par ailleurs, le vide juridique permettant l’emploi de ce traitement reste un frein majeur à sa mise en application dans de nombreux pays.