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150 - Les effets du tabagisme sur la surface oculaire en milieu camerounais

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Orateurs :
Gwladys Lekina
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Résumé

Introduction

Le tabagisme chronique actif est un problème de santé publique à l’échelle mondiale considéré comme la première cause de décès évitable par l’Organisation Mondiale de la Santé. La prévalence au Cameroun a été estimé à 8,9% dans la population adulte camerounaise en 2013. Les conséquences du tabagisme sur l’œil et plus particulièrement la surface oculaire n’ont pas fait l’objet d’études dans notre milieu; ce qui justifie cette étude dont le but est d'observer les effets du tabagisme sur la surface oculaire dans un groupe de fumeurs camerounais.

Patients et Methodes

Nous avons réalisé une étude cas-témoin pendant huit mois du 1er décembre 2016 au 30 juillet 2017. Elle s’est déroulée dans le service de pneumologie de l’hôpital Jamot de yaoundé et dans le service d’ophtalmologie de l’hôpital central de yaoundé. Les patients du groupe cas étaient constitués de tabagiques chroniques actifs âgés d’au moins 21 ans fumant au moins une cigarette par jour depuis un an minimum. Ils étaient appariés en âge et en sexe avec des patients non tabagiques. Les patients tabagiques suivis dans le service de pneumologie étaient joints par appel téléphonique puis invités dans le service d’ophtalmologie pour être interrogés et examinés. Les patients témoins étaient recrutés pendant les heures de consultation dans le service d’ophtalmologie. Etaient exclus de notre échantillon tout patient diabétique, glaucomateux, ou présentant une inflammation de la surface oculaire. Les variables étudiées étaient le score Ocular Surface Disease Index, l’examen de la conjonctive et de la cornée au biomicroscope, le Break Up Time  et le Schirmer I. Les données ont été analysées avec le logiciel SPSS version 22.

Résultats

Nous avons obtenu un échantillon de 41 patients tabagiques appariés en âge et en sexe avec 41 patients témoins. La tranche d’âge la plus représentée était celle des [25-35[ans dans les deux groupes avec 15 (36,6%) et 13 (31,7%) respectivement. Le sex ratio Femme/ Homme était de 2/39 dans chaque groupe et la population était surtout constituée d’étudiants soit 8(19,51%) et 6(14,63%) dans chaque groupe. Parmi les tabagiques 31(75,6%) fumaient la cigarette contre 14(34,1%) qui fumaient le narguilé et 5(12,1%) fumaient les deux. Les lésions dégénératives de la conjonctives à type de ptérygions et pinguéculas étaient plus fréquents chez les tabagiques avec 29(35,4%) contre 15(18,3%) chez les non tabagiques (p=0,015). On notait une forte association entre tabagisme et survenue des lésions conjonctivales [OR=2,44(1,19-5,02)]. La moyenne du Break Up Time était inférieure chez les tabagiques soit 5,5±4s comparativement aux non tabagiques avec 8±4s (p=0,03). La moyenne du Schirmer I était plus basse chez les tabagiques avec 23,4±8 mm comparativement aux non tabagiques avec 24,2±8,6 mm (p=0,66). Une association positive a été retrouvée entre le score Ocular Surface Disease Index et la valeur du Schirmer I, néanmoins non significative (coefficient de corrélation : 0,15 ; p=0,19).

Discussion

L’hyperévaporation lacrymale plus présente chez les tabagiques pourrait s’expliquer par la peroxydation de la couche lipidique des larmes induite par la phase gazeuse de la fumée de tabac créant ainsi sa rupture.

Conclusion

La prévalence des atteintes de la surface oculaire est plus élevée chez les sujets tabagiques par rapport aux non tabagiques. Ces atteintes intéressent la conjonctive, la cornée et le film lacrymal.