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155 - Manifestations oculaires des immunothérapies anti-cancer par anticorps anti-PD1 / PDL1

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Orateurs :
Dr Karen BITTON
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Résumé

Introduction

Les anti-PD1 sont des anticorps monoclonaux faisant partie de la classe des inhibiteurs des points de contrôle de l'immunité (qui comprend également les anti-CTL4). Ces immunothérapies, qui agissent en augmentant la mort des cellules tumorales en levant l’inhibition des lymphocytes T cytotoxiques, ont révolutionné le pronostic de nombreux cancers solides et hémopathies malignes. Cependant, ils sont fréquemment responsables d'effets indésirables liés à l'immunité (Immune-Related Adverse Events - IRAE), parmi lesquels les atteintes ophtalmologiques représentent moins de 1% des cas.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective, ayant inclus tous les cas d’évènements indésirables oculaires survenus sous anti-PD1 entre septembre 2016 et août 2017, recensés dans le cadre du réseau de surveillance des effets secondaires des immunothérapies anti-cancer (Immunotox). Les patients ont tous eu un examen ophtalmologique complet. L'histoire complète de la pathologie cancéreuse, les traitements reçus et l'ensemble des manifestations systémiques ont été relevés.

Résultats

Quatre patients (deux hommes et deux femmes), âgés en moyenne de 69,4 ±11 ans, ont été inclus. Ces patients ont reçu soit un anti-PD1 (pembrolizumab, nivolumab) soit un anti-PDL1 (atézolizumab) pour un mésothéliome, des adénocarcinomes parotidien et bronchique. Les tableaux ophtalmologiques étaient un cas de syndrome myasthéniforme avec ophtalmoplégie, ptosis et mydriase bilatérale, un cas de panuvéite granulomateuse bilatérale, une uvéite antérieure bilatérale non granulomateuse associée à un chémosis et un cas de conjonctivite fibrosante. Ces effets sont survenus après un nombre de cures très variable (2 à 36) et dans un délai de 1 à 60 jours après la dernière cure. Un traitement par anti CTL4 était associé chez un patient. Les manifestations oculaires sont survenues dans 3 cas sur 4 dans un contexte de manifestations systémiques ou en association à d’autres IRAE. Une baisse d’acuité visuelle a été notée chez tous les patients avec une récupération complète chez trois patients. Les recherches d'étiologies alternatives ont été négatives dans tous les cas. Le traitement par corticothérapie locale et/ou systémique et dans un cas l’utilisation d’immunoglobulines, a permis une amélioration des symptômes.

Discussion

Les manifestations oculaires sous anti-PD1 sont rares et protéiformes. Les plus fréquemment rapportées dans la littérature sont les uvéites, les syndromes secs et des cas exceptionnels de syndrome myasthéniforme, mais il s’agit ici du premier cas de fibrose conjonctivale. Il semble nécessaire de centraliser, au moyen d’un registre, tous ces évènements survenant de façon inattendue, afin d’améliorer la prise en charge des patients.

Conclusion

Les anti PD-1, seuls ou en association aux anti-CTL-4, semblent responsables de manifestations oculaires inflammatoires pléomorphes, qui peuvent survenir de façon retardée, isolées ou dans le cadre de tableaux systémiques. Ces atteintes peuvent mettre en jeu le pronostic visuel ou sévèrement retentir sur la qualité de vie.