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221 - Traumatologie oculo-orbitaire en milieu militaire : épidémiologie et facteurs pronostiques

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Orateurs :
Dr Stacy CHARPENTIER
Auteurs :
Dr Stacy CHARPENTIER
Maxime Delbarre
Dr Marie MARECHAL
Nicolas Paul
francoise froussart
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Résumé

Introduction

Bien que les yeux n’occupent que 0,27% de la surface antérieure du corps, les blessures oculaires sont très fréquentes. Le personnel militaire est particulièrement exposé à ce type de lésions, 5 à 15% de tous les traumatismes survenant dans le contexte des opérations extérieures touchent l'œil et plus de 50% de ceux-ci peuvent causer une perte visuelle définitive (2). Le pronostic repose essentiellement sur le délai de prise en charge et l’étendue des lésions initiales regroupées au sein de la classification Ocular Traumatology Score (OTS). L’objectif de cette étude est d’analyser les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des traumatisés oculo-orbitaires militaires qui ont bénéficié d’une évacuation sanitaire (MEDEVACS).

Patients et Methodes

Cette étude épidémiologique unicentrique rétrospective a inclus tous les MEDEVACS entre janvier 2014 et août 2018. L’analyse a porté sur le type de traumatisme, les lésions constatées, leur prise en charge, et l’acuité visuelle à 6 mois. Les traumatismes ont été rapportés selon la terminologie de BETTS (Birmingham Eye Trauma Terminology System), le score OTS a été calculé pour les traumatismes à globe ouvert.

Résultats

Parmi les 56 blessés rapatriés, 26 (soit 46%) étaient des traumatisés oculo-orbitaires. Ils étaient tous de sexe masculin avec un âge moyen de 32 ans. Les principaux lieux de rapatriement étaient la République Centre Africaine (Opération Sangaris) avant 2017, puis le Mali (Opération Barkhane). Les causes de traumatismes étaient des accidents de vie courante (50%), et balistiques (30%). Les traumatismes orbitaires représentaient 18% des cas, sans diminution de l’acuité visuelle moyenne initiale. Dans 64% des cas, il s’agissait de traumatismes à globe fermé avec une acuité visuelle moyenne initiale de 5/10ème et finale de 7/10ème, six mois après la prise en charge. Dans 18% des cas, il s’agissait de traumatismes à globe ouvert avec une acuité visuelle moyenne initiale à VBLM et finale de 1/10ème, correspondant à l’acuité visuelle prédite du score OTS établi lors de la prise en charge initiale.

Discussion

La fréquence élevée des traumatismes oculaires chez les blessés de guerre s’explique par l’exposition particulière des globes oculaires lors d’attaques par des engins explosifs, le plus souvent improvisés. Les traumatismes à globe ouverts sont le plus souvent associés à des polycriblages et sont de meilleur pronostic en l’absence de facteurs de gravité tels la rupture du globe, le décollement de rétine, l’endophtalmie, les lésions du nerf optique ou de la macula. Les traumatismes à globe fermé sont les plus fréquents, avec un meilleur pronostic visuel.

Conclusion

La traumatologie oculo-orbitaire représente près de la moitié des évacuations sanitaires militaires en ophtalmologie au cours de ces dernières années. En milieu opérationnel le traitement des blessures oculaires est à moduler en fonction du contexte de la mission et de la catégorisation des blessés lors d’un afflux massif. La prise en charge, doit reposer sur une stratégie thérapeutique précise, chronologiquement définie et urgente, afin d’améliorer le pronostic visuel, principalement déterminé par l’étendue des lésions initiales.