Name
227 - Suivi à moyen terme de l’intérêt des lentilles sclérales dans la prise en charge de la kératopathie neurotrophique

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Jérémie MOHAMED ANVER
Tags :
Résumé

Introduction

Le traitement symptomatique des kératopathies neurotrophiques est difficile et mal codifié. Il  réside dans l’utilisation d’agents mouillants et de lentilles pansements souples hydrophiles. Des attitudes chirurgicales telles que les greffes de membrane amniotique ou la tarsorraphie peuvent également être envisagées. Pour les patients en échec thérapeutique, la lentille sclérale pourrait s’avérer être une option intéressante.

L’objectif de ce travail est d’étudier l’efficacité et la tolérance des lentilles sclérales dans la prise en charge des kératopathies neurotrophiques à moyen terme.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective, monocentrique, non comparative. Treize yeux de 13 patients ont été inclus entre septembre 2009 et juillet 2016. Ces patients présentaient tous une kératopathie neurotrophique et ont été adaptés en lentilles sclérales après échec du traitement médical et/ou chirurgical. Un des patients a été adapté de manière bilatérale, le choix d’un des 2 yeux ayant été fait arbitrairement pour l’analyse. Aucune tentative de sevrage de la lentille sclérale n’a été effectuée chez les patients inclus.

Les données analysées comportaient la mesure de l’acuité visuelle, l’évaluation de la  cicatrisation cornéenne après instillation de fluorescéine et la tolérance de la lentille jugée sur la nécessité ou non d’arrêt du port.

Résultats

Treize yeux de 13 patients ont été inclus,  7 femmes et 6 hommes. La moyenne d’âge des patients inclus était de 44,6 ans +/- 22,6 ans. La durée de suivi moyenne était de 2,9 ans +/- 2,2 ans. La kératite neurotrophique était d’origine post-infectieuse pour 3/13 yeux (23%), d’origine neurologique centrale pour 4/13 yeux (31%) dont 3 yeux post-chirurgicaux, post-radiothérapie pour 2/13 yeux (15%), post-traumatique après brûlure chimique pour 2/13 yeux (15%), associée à un diabète pour 1/13 yeux (8%) et idiopathique pour 1/13 yeux (8%). Une anesthésie cornéenne totale a été retrouvée chez 13/13 yeux (100%).

Tous les patients ont bénéficié d’agents mouillants non conservés en première intention.

Trois patients ont bénéficié d’une greffe de membrane amniotique préalable.

Un ulcère cornéen initial (Mackie Stade II ou III) était présent chez 9/13 yeux (69%) et une kératite ponctuée superficielle sévère (Mackie stade I) chez 4/13 yeux (31%).

Un patient a été perdu de vue après 2 mois de suivi.

La lentille sclérale a été bien tolérée chez 11/12 yeux (92%), et mal tolérée ayant conduit à l’arrêt du port de celle-ci chez 1/12 yeux (8%). La cicatrisation cornéenne complète était obtenue chez 11/12 yeux (92%), et était absente chez 1/12 yeux (8%). La délai moyen de cicatrisation après adaptation avec la lentille sclérale a pu être estimé à 1,5 mois +/- 0,73 mois chez 9 patients. La meilleure acuité visuelle corrigée moyenne initiale était de 1,46 LogMAR et l’acuité visuelle à la dernière visite chez les patients cicatrisés de 0,68 LogMAR (p= 0,016, test de Wilcoxon). 

Discussion

La supériorité des lentilles sclérales par rapport aux lentilles souples hydrophiles serait directement liée à la non transmission des forces de friction à la cornée offerte par ces lentilles. Cependant, peu de travaux se sont intéressés à l’utilité des lentilles sclérales dans la prise en charge de la kératopathie neurotrophique.

Conclusion

Les lentilles sclérales semblent efficaces dans la cicatrisation des kératopathies neurotrophiques et sont bien tolérées. Leur utilisation pourrait être une alternative au traitement chirurgical.