La prolifération vitréo-rétinienne (PVR) est un facteur limitant majeur du succès de la chirurgie du décollement de rétine rhegmatogène. Différents modèles in-vitro ont été étudiés pour limiter les conséquences de la PVR. Parmi eux, la réduction du métabolisme de la vitamine A permet d’inhiber l’activité métabolique des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) impliquées dans la PVR, comme cela a été démontré in vitro et dans une étude clinique.
L’objectif de ce travail était d’évaluer l’utilisation et l’efficacité de l’acide 13-cis-rétinoïque en contexte post-opératoire de décollement de rétine rhegmatogène dans une étude de vraie vie.
Nous avons réalisé une étude rétrospective, monocentrique (CHU de Reims). Les dossiers des patients avec indication de chirurgie de décollement de rétine rhegmatogène avec tamponnement interne par huile de silicone traités hors AMM par acide 13-cis-rétinoïque à la posologie de 10 mg/j pendant les 8 semaines post-opératoires ont été analysés. Le critère de jugement principal était la réapplication anatomique rétinienne évaluée cliniquement par examen du fond d’œil couplé à un OCT-maculaire. Les critères de jugement secondaires étaient l’évaluation de la PVR au fond d'oeil et la tolérance générale du traitement.
Sur une période de Juillet 2011 à Octobre 2016, 11 patients (8 hommes, 3 femmes, âge médian 64 ans) ont répondu aux critères d’inclusion. Dans 7 cas, la rétine était réappliquée après ablation de silicone, dans 2 cas la réapplication anatomique n’a pas été obtenue (recul moyen : 17 mois). Deux patients ont été perdus de vue. Dans 1 cas le traitement a été interrompu pour une mauvaise tolérance générale (troubles psychiatriques). Deux patients ont présenté une cytolyse hépatique modérée (ASAT-ALAT 1,5 fois supérieures à la normale), l’un de ces deux patients ayant également présenté une cholestase hépatique (GGT à 2 fois la normale).
Un succès anatomique de 7 cas sur 9 analysables est plutôt encourageant, en adéquation avec les résultats de l’étude contrôlée et randomisée sur 35 patients qui avait montré une efficacité de l’Isotrétinoïne sur le taux de réapplication rétinienne à 1 an. Toutefois, la mise en œuvre de ce traitement est limitée par une tolérance inconstante avec apparition d’effets indésirables.
Les récentes revues de la littérature rappellent la multiplicité et l’intrication des différents acteurs moléculaires impliqués dans la PVR, en particulier certaines cytokines comme le TNFa et certains facteurs de croissance, tels que les PDGFs et FGFs.
Les résultats de cette étude méritent d’être confirmés à plus grande échelle afin de statuer de manière statistiquement fiable sur un éventuel bénéfice à long terme de l’administration d’acide 13-cis-rétinoïque afin de limiter la PVR post-opératoire, facteur de récidive majeur de décollement de rétine.