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257 - Comparaison de la qualité d’instillation des collyres conditionnés en unidoses et multidoses chez le patient glaucomateux : étude prospective multicentrique randomisée en cross-over

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Orateurs :
Dr Pierre CUNNAC
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Résumé

Introduction

Décrire et comparer la qualité d’instillation des traitements topiques conditionnés en unidoses (UD) ou en flacon multidoses (MTD) chez le patient glaucomateux ou hypertone. Evaluer les facteurs susceptibles d’influencer l’instillation d’un collyre, en prenant en compte pour la première fois la fonction du membre supérieur.

Patients et Methodes

Une étude prospective, multicentrique, randomisée et en cross-over a été menée de novembre 2016 à juin 2017 au sein de deux centres hospitalo-universitaire et d’un centre privé. Les principaux critères d’inclusion étaient un glaucome ou une hypertonie intraoculaire avec un angle irido-cornéen ouvert, et une pression intraoculaire contrôlée depuis plus de trois mois par un traitement hypotonisant stable, instillé par le patient lui-même. Il était demandé aux participants de s’administrer successivement une goutte de larmes artificielles conditionnées en UD et en MTD, devant un observateur externe. L’ordre d’instillation était randomisé. Chaque œil était analysé en tant qu'œil le plus ou le moins atteint selon les déficits du champ visuel. L’instillation correcte était définie comme la dépose d’une unique goutte dans le cul-de-sac conjonctival inférieur, sans contact de l’embout du dispositif avec le globe ou les tissus péri-oculaires. La fonction locomotrice du membre supérieur était estimée par le score de l’auto-questionnaire QuickDASH.

Résultats

Un total de 239 yeux de 173 patients a été inclus : 97 cas ont été analysés dans le groupe de l’œil le plus atteint et 142 dans le groupe du meilleur œil. Parmi les yeux les plus atteints, 33% des cas ont répondu aux caractéristiques d’une instillation correcte en MTD contre 32% en UD (p=1). Dans le groupe des yeux les moins atteints, 31.7% des cas ont réussi une administration optimale de collyre en MTD contre 27.5% en UD (p=0.327). Une association statistiquement significative a été constatée entre une instillation UD inadéquate, l’âge élevé (p=0.021), la sévérité d’atteinte du champ visuel (p=0.035) et le score de qualité de vie NEI-VFQ 25 bas (p=0.028) dans le groupe des yeux les moins atteints. Aucun lien n’existait entre le score QuickDASH et le critère composite « instillation correcte » avec UD ou MTD, quel que soit l’œil considéré. Il existait une association statistiquement significative entre un score QuickDASH élevé et un nombre de gouttes expulsées supérieur à 2 avec MTD (p=0.004) et proche de la significativité avec UD (p=0.07) dans le groupe du meilleur œil.

Discussion

Les taux d’instillation satisfaisante, proches de 30%, sont faibles, comparables entre UD et MTD et largement surestimés par les patients. L’âge avancé, la sévérité du glaucome et un score de qualité de vie bas étaient des facteurs associés à ces échecs dans le groupe des yeux les moins malades. La méthodologie rigoureuse de notre travail explique sa concordance avec la littérature au sujet des MTD [1-2] et autorise sans doute l’extrapolation de ses résultats à la population glaucomateuse caucasienne. La pertinence clinique du score QuickDASH comme facteur prédictif de la qualité d’instillation et l’usage plus laborieux des UD n’ont pas été établis, en rapport probablement avec un taux important de participants jeunes ou indemnes d'affections musculo-squelettiques.

Conclusion

Notre essai est le premier à intégrer le score QuickDASH en ophtalmologie et un des rares à étudier les UD. Nous n’avons pas retrouvé de différence d’instillation entre UD et MTD. Ces résultats encouragent l'utilisation des UD, en s’efforçant de tester leur manipulation, notamment par les personnes âgées ou souffrantes d’un glaucome avancé.