Les diplopies compliquant un traumatisme crânien sont fréquentes et témoignent d’une atteinte indirecte d’un ou de plusieurs nerfs oculomoteurs.Il existe peu d’études sur l’épidémiologie et les différentes caractéristiques cliniques des diplopies post traumatiques.
Name
283 - Diplopies après un traumatisme crânien : à propos de 9 cas
Introduction
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive de 9 patients pris en charge au CHU de Bordeaux pour une diplopie post traumatique entre août 2015 et août 2017. Nous nous sommes intéressés aux caractéristiques démographiques, cliniques (ophtalmologiques et neurologiques), à la prise en charge et à l’évolution de ces 9 patients
Résultats
Sur les 9 patients étudiés, il y avait 6 hommes et 3 femmes. L’âge moyen était de 45 ans. Une parésie du III était retrouvée chez 4 patients (44,4%), du IV chez 3 patients (33,3%), et une atteinte d’un muscle oculomoteur chez 2 patients (22,2%). Le traumatisme crânien était secondaire à un accident de la voie publique chez 5 patients, à une chute chez 3 patients et à une agression chez 1 patient. Tous les patients ont eu une imagerie cérébrale en phase aigue. L’imagerie cérébrale a trouvé des lésions cérébrales associées chez 7 patients. 6 patients ont été hospitalisés dans un service de réanimation ou de neurochirurgie. Une intervention neurochirurgicale a été nécessaire chez 4 patients dans un délai moyen de 30 jours par rapport au traumatisme initial. Les patients ont été vus par un ophtalmologiste dans un délai moyen de 22 jours (de 0 à 75 jours). La diplopie a régressé complètement chez 2 patients (22,2%) dans un délai moyen de 25 jours (deux parésies du IV). Pour les 7 patients ayant une diplopie résiduelle, l’inclusion d’un prisme dans la correction optique a été nécessaire chez 4 patients. Un patient a été perdu de vue au cours du suivi. Les 2 autres patients n’ont eu aucun traitement car leur diplopie n'était présente que dans les regards extrêmes.
Discussion
Notre recrutement hospitalier explique la prépondérance des traumatismes crâniens secondaires à des accidents de la voie publique, avec une plus grande prévalence d’atteinte du nerf oculomoteur commun.
Conclusion
La recherche d’un trouble oculomoteur est importante dans la prise en charge initiale d’un patient avec un traumatisme crânien. L’imagerie cérébrale aide à la recherche de lésions cérébrales et est généralement peu informative sur les lésions des nerfs oculomoteurs. La régression complète des parésies des nerfs oculomoteurs post traumatiques est moindre (50 à 55% selon les auteurs) que les autres étiologies de diplopies binoculaires, d’où l’importance d’un suivi régulier et de propositions thérapeutiques telles qu’une prismation ou une chirurgie oculomotrice à distance si nécessaire.