Le strabisme divergent intermittent est une entité singulière, car les patients qui en sont atteints alternent entre un état compensé avec vision stéréoscopique normale et un état « décompensé » en exotropie, sans franche diplopie, mais avec parfois une vision panoramique. L’efficacité du traitement chirurgical de cette forme de strabisme est débattue de longue date. Nous présentons une série rétrospective visant à qualifier l’efficacité de la chirurgie dans cette indication.
Name
308 - Efficacité du traitement chirurgical des strabismes divergents intermittents
Introduction
Patients et Methodes
Les patients atteints d’un strabisme divergent intermittent, sans autre trouble oculomoteur associé ni chirurgie de strabisme antérieure, opérés entre 2002 et 2016 ont été inclus. Les données démographiques usuelles, les caractéristiques préopératoires, les indications chirurgicales, les résultats post-opératoires et le taux de récidive à moyen terme ont été analysés.
Résultats
Cent-soixante-sept patients (69M :98F), âgés en moyenne de 20,7 ans (3-79) ont été inclus. Aucune amblyopie n’était à déplorer avec une acuité visuelle moyenne de 0,97 aux deux yeux. 13% des patients décrivaient une diplopie en préopératoire et 1% une confusion (vision panoramique). Les tests de vision stéréoscopique étaient réussis chez 90% des patients. 44% des patients étaient compensés de près en préopératoire contre 18% de loin. De près, en préopératoire, 43% des patients étaient en exophorie (angle moyen = 21 DP), 42% en exophorie-tropie (angle moyen 33 DP), 15% en exotropie (angle moyen = 33 DP). De loin (5m), en préopératoire, 14% des patients étaient en exophorie (angle moyen = 25 DP), 45% en exophorie-tropie (angle moyen = 31 DP), 41% en exotropie (angle moyen = 31,2 DP). 56% des patients ont bénéficié d’une adaptation prismatique préopératoire. Une chirurgie monoculaire sur deux muscles horizontaux a été pratiquée dans 80% des cas. Les autres types de chirurgie furent un recul du muscle droit latéral unilatéral 7 %, un recul des deux muscles droits latéraux 8%, un plissement du muscle droit médial unilatéral 2% et un plissement des deux muscles droits médiaux 3%. Le rendement opératoire moyen était de 29 DP (12-45). Au contrôle postopératoire à un jour, 80% des patients étaient en phorie de près (angle moyen = 8 DP) et 53% en phorie de loin (angle moyen = 7 DP). 59% des patients sans vision stéréoscopique en préopératoire ont amélioré leur capacité stéréoscopique en postopératoire. La sur-correction précoce, présente dans 28 % des cas, s’est normalisée dans tous les cas après un mois. Après un délai moyen de 6 mois, 34% des cas ont présenté une récidive d’exotropie ≥ 8 DP.
Discussion
La chirurgie combinée sur l’œil strabique a été la plus usitée dans cette série et le taux de récidive atteint s’inscrit dans les données retrouvées dans la littérature. Le résultat chirurgical à long terme a été difficile à évaluer en raison de la dispersion des patients auprès de leurs ophtalmologues traitants.
Conclusion
L’inconstance des résultats à moyen terme de la chirurgie du strabisme divergent intermittent est bien connue, et notre étude le confirme une fois de plus. Pour laisser intacte la possibilité de ré-intervenir sur un angle incomitant, nous préférons la chirurgie combinée monoculaire à la chirurgie symétrique.