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359 - Monitoring continu des fluctuations de la pression intraoculaire sur 24 heures dans le glaucome primitif à angle ouvert par lentille de contact avec jauge de contrainte

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Orateurs :
Dr Thibaut GABORIAU
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Résumé

Introduction

Comparer les fluctuations de pression intraoculaire (PIO), enregistrées par lentille de contact avec jauge de contrainte, entre 2 groupes de patients glaucomateux évolutifs sur le champ visuel à taux de progression différents.

Patients et Methodes

Etude monocentrique avec inclusion consécutive de patients atteints de glaucome primitif à angle ouvert évolutif sur le champ visuel. Chaque patient a bénéficié du monitoring continu de la PIO sur 24 heures par lentille de contact avec jauge de contrainte (Triggerfish®, SENSIMED, Lausanne, Suisse) sur l’œil le plus évolutif. Le taux de progression campimétrique sur la mean deviation (MD, en dB/an) a été calculé par régression linéaire avec au moins 5 champs visuels automatisés 30° sur au moins 2 ans (périmétrie Octopus, HAAG-STREIT, Koeniz-Berne, Suisse). Les patients ont été classés en 2 groupes de taille équivalente : groupe 1 avec une progression campimétrique strictement supérieure à 0,50 dB/an et groupe 2 avec une progression campimétrique inférieure ou égale à 0,50 dB/an. Les données brutes des monitorings ont été analysées avec un programme de traitement du signal tenant compte des valeurs aberrantes, notamment liées aux clignements, et appliquant un filtrage fréquentiel du monitoring par décomposition en ondelettes.

Résultats

54 yeux de 54 patients (âge moyen 68,48 ± 6,02 ans) ont été inclus dans l’étude entre juin 2015 et mai 2016. Dans le groupe 1 (n=22 yeux), le taux de progression moyen était de -1,09 ± 0,60 dB/an pour un MD moyen de -10,57 ± 6,97 dB. Dans le groupe 2 (n=32 yeux), le taux de progression moyen était de -0,12 ± 0,14 dB/an pour un MD moyen de -5,43 ± 4,32 dB. L’analyse des fluctuations de PIO sur tout le nycthémère montrait une amplitude de la courbe de monitoring après traitement du signal significativement plus élevée dans le groupe 1 que dans le groupe 2 (343,1 ± 62,3 mVeq et 274,0 ± 75,0 mVeq respectivement, p<0,05) et une valeur absolue de l’aire sous la courbe de monitoring significativement plus importante dans le groupe 1 que dans le groupe 2 (8,28 ± 2,10 V²eq et 6,82 ± 2,71 V²eq respectivement, p<0,05). L’analyse des fluctuations de PIO à court terme (pics de PIO) retrouvait une amplitude de l’ondelette de période entre 60 et 220 minutes significativement plus élevée dans le groupe 1 que dans le groupe 2 (110,0 ± 33,3 mVeq et 86,1 ± 26,7 mVeq respectivement, p<0,05), ainsi qu’une valeur absolue de l’aire sous la courbe de l’ondelette correspondante plus importante dans le groupe 1 que dans le groupe 2 (1,24 ± 0,30 V²eq et 1,01 ± 0,23 V²eq respectivement, p<0,05). Aucun événement indésirable grave n’est survenu durant l’étude.

Discussion

Dans notre étude, le plateau nocturne de la PIO est plus important et/ou dure plus longtemps dans le groupe à progression rapide, ce qui est cohérent avec les données de la littérature sur le rythme nycthéméral de la PIO des yeux glaucomateux. De plus, les pics de PIO (d’une période entre 60 et 220 minutes) sont d’une plus grande amplitude, plus nombreux et/ou d’une durée plus longue dans le groupe à progression rapide.

Notre étude souligne que le traitement du signal brut est nécessaire pour compenser les limites intrinsèques du dispositif de mesure et ainsi améliorer l’analyse du biorythme circadien de la PIO.

Conclusion

Ces résultats encouragent la conduite d’études longitudinales pour mieux évaluer la valeur diagnostique et pronostique du monitoring continu des fluctuations de la PIO comme biomarqueur additionnel dans la prise en charge du glaucome.