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Caractéristiques épidémiologiques et étiologiques des uvéites dans un Centre Hospitalier Universitaire

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Auteurs :
estelle neiter
Jean Baptiste Conart
Hélène Rousseau
Cédric Baumann
Stéphane Zuily
Karine Angioi
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Résumé

Introduction

Les uvéites sont des pathologies oculaires fréquentes dont les étiologies sont variées et avec de grandes disparités géographiques. Le diagnostic étiologique est souvent difficile, avec une proportion importante d’uvéites idiopathiques. L’objectif de cette étude était de décrire les caractéristiques cliniques et épidémiologiques des uvéites de l’adulte pour lesquelles un bilan a été réalisé dans le service de médecine interne au CHRU de Nancy.

Patients et Methodes

Nous avons réalisé une étude épidémiologique rétrospective sur un échantillon exhaustif de patients ayant un diagnostic d’uvéite. Il s’agissait des patients vus en consultation ophtalmologique et adressés en médecine interne pour prise en charge à visée diagnostique et/ou thérapeutique entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2016, au CHRU de Nancy. Les patients de moins de 18 ans à la première consultation ainsi que les patients présentant un premier épisode d’uvéite antérieure aiguë ont été exclus. L’âge, le genre, la latéralité, le siège de l’inflammation, les signes cliniques, l’étiologie (infectieuse, non infectieuse ou idiopathique, et diagnostic retenu), les dates de première et dernière consultation en médecine interne, et la durée du suivi ont été recueillis.

Résultats

Pendant cette période, 690 patients ont été inclus dont 59,4% de femmes, avec un âge moyen de 49,2 ans et un suivi moyen de 16,5 mois. L’uvéite était unilatérale dans 53% des cas. La panuvéite était la forme de présentation la plus fréquente (52%), suivie par l’uvéite antérieure (30%), l’uvéite postérieure (16%) et l’uvéite intermédiaire (3%). La proportion d’uvéites idiopathiques était de 60%. Les étiologies non infectieuses représentaient 27% de l’ensemble des uvéites, les étiologies infectieuses 13%. Les étiologies inflammatoires les plus fréquentes étaient la sarcoïdose, la spondylarthrite ankylosante et la maladie de Behçet. Les causes infectieuses les plus fréquentes étaient la tuberculose, la toxoplasmose et ­­­la maladie de Lyme. Une amélioration du rendement diagnostique a été observée au fil des années : 66% des uvéites ont été considérées comme idiopathiques avant 2011 contre 55 % après 2011.

Discussion

Dans notre série, nous avons retrouvé une majorité de panuvéites, contrairement à la plupart des séries épidémiologiques qui retrouvent une prédominance d’uvéites antérieures, ce qui s’explique par notre mode d’inclusion, centré sur les patients ayant bénéficié d’un bilan en médecine interne et avec exclusion des premières poussées d’uvéites antérieures. La répartition étiologique met en évidence des spécificités locales avec en particulier une proportion élevée d’uvéites liées à la maladie de Lyme, notre centre étant en effet situé en zone d’endémie pour cette pathologie. Notre série comptait 60% d’uvéites idiopathiques, ce pourcentage varie dans la littérature entre 26 et 48% des cas, cette différence s’expliquant par le type de population étudié. Nous avons amélioré notre rendement diagnostique au cours du temps, ce qui peut s’expliquer à la fois par la répétition des bilans étiologiques, mais aussi par une meilleure performance diagnostique.

Conclusion

L’étude de cette grande série de patients avec un recul de douze ans nous a permis de mieux connaître les caractéristiques des uvéites suivies dans notre centre et ainsi d’améliorer la prise en charge thérapeutique de nos patients. Même si le pourcentage de formes idiopathiques reste important, cette étude confirme l’intérêt de répéter le bilan au cours du temps pour améliorer le rendement diagnostique.