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CAS CLINIQUE : Baisse de vision inexpliquée au retrait d’huile de silicone

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Orateurs :
Dr Louise CHAPRON
Auteurs :
Dr Louise CHAPRON
Dr Admir MIRI
Tags :
Résumé

But

L’huile de silicone a une place privilégiée dans diverses indications de chirurgie vitréo-rétinienne, notamment dans les traumatismes oculaires intéressant le segment postérieur. Une baisse de vision inexpliquée après huile de silicone est une complication décrite, bien que rare, dont nous voudrions étayer les connaissances. 

Observation

Nous partageons ici notre expérience d’un patient présentant une baisse d’acuité visuelle persistante après ablation d’un tamponnement par silicone faisant suite à une plaie perforante. L’évolution nous fait évoquer une potentielle toxicité du silicone en l'absence de diagnostic différentiel plausible. 

Cas clinique

Un homme de 25 ans se présente aux urgences ophtalmologiques dans les suites d’une projection d’éclat métallique dans l'œil gauche. L’acuité visuelle initiale est côtée à 10/10°. Les examens retrouvent une plaie pénétrante du globe oculaire gauche avec corps étranger intra-orbitaire. Au fond d'œil la rétine est à plat avec deux plaies en périphérie rétinienne temporale associées à une hémorragie intra-vitréenne localisée et une incarcération du vitré en regard de la plaie. Le patient bénéficie d’une chirurgie combinée associant phacoémulsification avec pose d’implant en chambre postérieure, vitrectomie 25G avec endolaser et tamponnement par du silicone 1000. Il n'y a pas d'événement notable préopératoire relevé. L’acuité visuelle post-opératoire avec correction est côtée à 6/10°. Une ablation du silicone est réalisée à 16 semaines sans complication. L’acuité visuelle à 1 mois post-opératoire est côtée à 1.5/10° : Le fond d'oeil et l'OCT retrouvent de nombreux plis maculaires provenant d’une traction rétinienne localisée au niveau de la plaie. Une nouvelle vitrectomie associant pelage de la limitante interne et rétinectomie d’une bride en temporal plus tamponnement par gaz c2f6 est réalisée. Malgré une bonne efficacité sur le plan anatomique, avec récupération d'un bon profil fovéolaire en OCT, l’acuité visuelle ne dépasse pas 1.6/10°. L’OCT retrouve une disparition localisée de la couche des cellules ganglionnaires rétiniennes maculaires et le champ visuel maculaire (10-2) un déficit central (seuil fovéal à 24dB). L’électrorétinogramme multifocal (ERG MF) n’a pas été réalisé en raison d’un refus du patient. 

Discussion

Différentes explications physiopathologiques sur une potentielle toxicité rétinienne du silicone ont été décrites dans la littérature : phototoxicité maculaire per-opératoire, altération des échanges ioniques de l’interface vitréo-rétinienne, toxicité directe du silicone ou de dérivés toxiques accumulés entre rétine interne et silicone… Aucune de ces hypothèses n’a pu être étayée pleinement. Dans notre cas, l’absence d’électrorétinogramme multifocal et la reprise chirurgicale rapide pour traction rétinienne avec retentissement maculaire sont des facteurs de confusion ne permettant pas d’incriminer directement le silicone dans cette baisse d’acuité visuelle. 

Conclusion

Les baisses de vision post-silicone non élucidées existent, bien qu’elles soient rares. Un bilan complémentaire exhaustif doit être réalisé afin d’exclure une cause curable. La publication de ces baisses d'acuité visuelle post-ablation de silicone doit être encouragée au maximum pour colliger plus de données sur ces cas afin d’améliorer leur compréhension et prévenir leur survenue dans le futur.