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Choroïdite serpigineuse compliquée d’occlusion de branche veineuse rétinienne

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Orateurs :
Dr Jean-Baptiste MOREL
Auteurs :
Dr Jean-Baptiste MOREL
Dr Thomas SALES DE GAUZY
Dr Adelaide TOUTEE
David Saadoun 1
Bahram Bodaghi B
Tags :
Résumé

But

Rapporter une observation d’occlusion veineuse associée à une choroïdite serpigineuse chez un patient de 73 ans et discuter la prise en charge diagnostique et thérapeutique.

Observation

Un patient de 73 ans s’est présenté en urgence dans notre service pour baisse d’acuité visuelle de l’œil gauche d’apparition rapidement progressive. Son antécédent principal était une choroïdite serpigineuse actuellement traitée par prednisone 7mg par jour et pour laquelle il avait bénéficié d’un traitement antituberculeux lors du diagnostic. L’acuité visuelle était limitée à 2/10. L’examen du segment antérieur ne montrait pas de signe d’inflammation ni de rubéose irienne. La pression intra oculaire était de 12 mmHg. Le patient a bénéficié d’un OCT, de rétinographies ultra grand champ et d’une angiographie à la fluorescéine et au vert d’indocyanine.

Cas clinique

L’examen du fond d’œil de l’œil gauche a mis en évidence de multiples hémorragies en tache, profondes, localisées en temporal inférieur. L’angiographie à la fluorescéine a montré un retard circulatoire dans la veine temporale inférieure, des zones de non-perfusion dans le territoire drainé par cette veine associées à des effets masques en rapport avec les hémorragies en tâche. Il n’y avait aucun signe d’activité inflammatoire de la choroïdite serpigineuse. Sur l’OCT SD maculaire, on retrouvait un volumineux œdème maculaire cystoïde. L’examen de l’œil adelphe retrouvait les séquelles des poussées antérieures de choroïdite serpigineuse, sans nouvelle anomalie comparativement aux examens précédents. Le patient a bénéficié de 3 injections intravitréennes d’anti-VEGF pour traiter l’œdème maculaire et d’une photocoagulation sectorielle à l’œil gauche. Il a également été décidé d’introduire un traitement immunosuppresseur par mycophénolate mofétil pour prévenir la survenue d’éventuelles poussées, ainsi qu’un traitement anti-hypertenseur par amlodipine. Devant l’absence d’inflammation active à l’angiographie, il a été décidé de ne pas majorer la corticothérapie chez ce patient. Lors du contrôle à un mois de la dernière injection, l’acuité visuelle était améliorée à 7/10, avec une résolution complète de l’œdème maculaire.

Discussion

La choroïdite serpigineuse est une affection inflammatoire rare, récidivante, atteignant la choroïde et l’épithélium pigmentaire. Elle doit toujours faire éliminer une tuberculose associée qui devrait être traitée. Le traitement anti-inflammatoire et immunosuppresseur est rapidement instauré afin de limiter la progression. Les principales complications de la choroïdite serpigineuse sont la néovascularisation choroïdienne et la fibrose sous-rétinienne. L’occlusion de branche veineuse rétinienne, compliquant une choroïdite serpigineuse, a été décrite uniquement à deux reprises dans la littérature [1], [2]. Plusieurs causes peuvent expliquer sa survenue : une vascularite occlusive inflammatoire ; l’atrophie choriorétinienne entraînant une modification du trajet artériel et veineux par l’intermédiaire de leur adventice ; et l’association fortuite chez ce patient avec une hypertension artérielle non contrôlée. Le traitement d’une occlusion veineuse dans le cadre d’une uvéite postérieure associe un traitement anti inflammatoire, la prise en charge de l’œdème maculaire par injection d’anti VEGF, la photocoagulation des zones de non-perfusion, et la prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaires. La surveillance doit être très rapprochée.

Conclusion

L’occlusion de branche veineuse rétinienne de l’œil gauche est une complication rare de la choroïdite serpigineuse. Le traitement combiné des injections d’anti VEGF associé à la photocoagulation sectorielle et au traitement anti inflammatoire a permis une évolution rapidement favorable.