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Collyres à base de sérum autologue : traitement à long terme dans le syndrome sec oculaire

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Orateurs :
Dr Marie BEYLERIAN
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Résumé

Introduction

La sécheresse oculaire est une pathologie plurifactorielle de la surface oculaire dont la fréquence élevée, le retentissement significatif sur la qualité de vie et sur la vision, ainsi que le coût financier, en font un véritable problème de santé publique. Si le traitement des formes minimes à modérées est généralement simple et efficace, celui des formes sévères est souvent décevant. L’utilisation de Collyres à base de Sérum Autologue (CSA) représente une alternative thérapeutique envisageable pour les cas les plus sévères.

L’objectif de notre étude est d’évaluer l’efficacité du traitement par CSA à long terme (> 24 mois) chez des patients présentant des syndromes secs isolés réfractaires aux traitements conventionnels ou secondaires à d’autres pathologies générales tels le syndrome de Gougerot Sjogren, le syndrome du Greffon versus Hôte (GVH), les kératites neurotrophiques et les brûlures.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude observationnelle rétrospective de 75 patients, soit 150 yeux traités par Collyre de Sérum Autologue à Marseille entre avril 2014 et décembre 2016 pour syndrome sec oculaire sévère isolé ou secondaire. Un recueil à l’interrogatoire de l’histoire clinique, des facteurs de risques systémiques et de l’étiologie du syndrome sec oculaire a été réalisé. Les symptômes subjectifs des patients (score OSDI), de leurs satisfactions (TSQM) ainsi que les effets secondaires ont été recueillis à l’aide de questionnaires. Une évaluation clinique fondée sur un examen à la fluorescéine (score Oxford) est réalisée avant le traitement par CSA P0 puis selon 4 périodicités : P1 (entre 3 et 6 mois), P2 (7 et 12 mois), P3 (13 à 24 mois) et P4 (après 24 mois). 

Résultats

Sur les 150 yeux traités, l’âge moyen était de 56,4 ans, il y avait 44,8% hommes et 55,2% de femmes, les indications de traitement comprenaient : 32,8% de syndrome sec oculaire sévère, 25,9% de GVH, 20,7% de syndrome de Goujerot Sjogren, 8,6% de kératite neurotrophique, 3,4% de brûlure. La variation du score OSDI entre P0 et P1 montrait une diminution de 30,56 points ±22,24 (p<0,05), entre P0 et P2 une diminution de 12,04±  20,53 (p<0,05) et entre P0 et P3 une diminution de 18,6 ±21,3 (p 0,01). Le taux de satisfaction totale des patients, relevé grâce au questionnaire TSQM a été de 74,7% ±19, la praticité des collyres était satisfaisante 69,5 % ±13,3, l’efficacité de 70,4% et la tolérance de 100%. Le score clinique d’Oxford a montré sur les yeux droits une diminution de 2,17±1,32 points (p<0,05) entre P0 et P1, de 2,44 points ±2,01 (p< 0,05) entre P0 et P2, et enfin de 1 point ±1,5 (p 0,05). Sur les yeux gauches : le score d’Oxford a été  diminué de 2,36 points ±1,03 (p< 0,05) entre P0 et P1,  de 2,14 points ±1,95 (p< 0,05) entre P0 et P2, et enfin de de 0,4 points ±1,1 (p 0,2).

Discussion

Des analyses biologiques complémentaires sur la composition qualitative et quantitative des CSA sont en cours afin de mettre en évidence des corrélations clinico-biologiques et d’identifier les patients potentiellement moins répondeurs au traitement par CSA. 

De nouveaux traitements, tels que le collyre à base de sang de cordon sont aujourd’hui en phase d’expérimentation. Cependant, les collyres de sérum autologue demeurent le recours de choix dans l’attente d’une plus grande disponibilité de ces thérapies innovantes. 

Conclusion

Sur cette première série de 150 yeux, une efficacité clinique a été notée chez la majorité des patients traités par CSA. Aucune complication infectieuse n’a été rapportée, et le taux de satisfaction a été très élevé.