Les abcès graves de la cornée sont des infections potentiellement cécitantes nécessitant une prise en charge rapide et standardisée. Les objectifs de notre étude étaient de définir les aspects épidémiologiques, microbiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutifs des abcès cornéens graves et de rechercher leurs corrélations avec l'origine microbiologique de l'abcès.
Name
Corrélation clinico-microbiologique dans les abcès graves de la cornée
Introduction
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude rétrospective que nous avons menée sur 7 ans allant de Janvier 2012 jusqu’au Décembre 2019 ayant colligé tous les abcès cornéens présentant à l’examen initial au moins un facteur de gravité local ou général.
Résultats
Notre étude a colligé yeux de 56 patients ayant une moyenne d’âge de 48,33±21,19 ans. Le délai moyen de consultation était de 21,55±27,24 jours. Les facteurs de risque locaux les plus fréquents étaient un ATCD de chirurgie oculaire (56,89%), de traumatisme récent (24,10%) et de pathologie de surface oculaire (17,2%).
Le prélèvement était positif dans 55,17% des cas. Parmi ces derniers, on a isolé 65,62% de kératites bactériennes, 15,62% de kératites amibiennes, 6,25% de kératites fongiques et 12,5% de coinfections. Les organismes les plus retrouvés étaient S.épidermidis (18,75%), le S.méthiS (9,37%) et le pneumocoque (6,25%). Il existait une corrélation significative entre l’origine amibienne de l'abcès et le sexe féminin (p=0,024), un délai de consultation prolongé (p=0,011), le port de lentilles de contact (p=0,001), la présence de pathologie de surface (p=0,001) et l’ATCD d’un traumatisme (p=0,006).
Les kératites fongiques étaient associés à un âge jeune (p=0,033), à un ATCD de diabète (p= 0,036). Concernant les caractéristiques cliniques, La taille moyenne de l’infiltration stromale était significativement plus grande au cours des kératites amibiennes (p=0,006). Un siège périphérique étaient corrélé aux kératites bactériennes (p=0,014). Une meilleure acuité visuelle finale était associé aux kératites fongiques (p=0,023). Un mauvais pronostic visuel a été trouvé en cas d'abcès central (p=0,001).
Discussion
L’abcès grave de la cornée constitue une des causes majeures de cécité cornéenne. Il s’agit d’une pathologie redoutable en raison des difficultés de son diagnostic étiologique et par conséquent de sa prise en charge thérapeutique. Le diagnostic de certitude passe par un grattage cornéen avec étude microbiologique et recherche de l’agent vulnérant.Seule une prise en charge thérapeutique précoce et adaptée permettra d’améliorer le pronostic de l’abcès cornéen.
Conclusion
Les abcès cornéens sont des infections graves qui mettent en jeu le pronostic visuel. Leur prévention passe par une meilleure gestion des traumatismes oculaires, une meilleure éducation des porteurs de lentilles de contact et un traitement approprié des pathologies de surface oculaire.