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Dacryoplastie au ballonnet de première intention pour le traitement des sténoses du canal lacrymo-nasal de l’adulte : revue systématique de la littérature

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Auteurs :
Dr Barthélémy POIGNET
Pauline BEAUJEUX
Julia Grinholtz-Haddad
Dr Edouard KOCH
Hakim Benkhatar
Tags :
Résumé

Introduction

Objectif :

  1. Répertorier l’efficacité de la dacryoplastie au ballonnet (DB) de première intention pour le traitement des sténoses du canal lacrymo-nasal de l’adulte, avec ou sans intubation lacrymo-nasale, afin de préciser ses indications
  2. Répertorier les différentes techniques et les éventuelles complications associées

Patients et Methodes

Une revue de la littérature a été effectuée à partir de la base de données MEDLINE via le moteur de recherche PubMed. Les mots clés utilisés ont été « balloon AND (dacryoplasty OR dilation OR dilatation OR catheter OR dacrocystoplasty) AND (lacrimal OR nasolacrimal OR epiphora OR dacryocystitis) AND (adult OR adults)». Cinquante-sept articles, rédigés en anglais ou en français, ont été ainsi pré-sélectionnés. Au total, après application des critères d’exclusion, neuf études ont été retenues pour l’analyse statistique descriptive des résultats.

Résultats

Cinq études évaluaient la DB seule (n= 296 patients) et 4 évaluaient la DB associée à une intubation lacrymale (n= 119 patients).

Pour les sténoses partielles, la DB seule avait un taux de succès moyen de 53.6% (±16.1), avec un recul moyen de 24.3 mois (±10.2).  Avec intubation lacrymo-nasale (2 à 3 mois), le taux de succès moyen était de 70.6% (±20.1) avec un recul moyen de 23.7 mois (±15.3).Pour les sténoses complètes, la DB seule avait un taux de succès moyen de 30%, avec un recul moyen de 24.3 mois (±10.2).  Avec intubation lacrymo-nasale (3 à 6 mois), une seule étude rapporte un taux de succès de 89.9% à 12 mois.

Parmi les complications, ont été rapportées: une épistaxis légère, une obstruction nasale transitoire et une douleur modérée transitoire. Seul un cas d’emphysème orbitaire post-DB par voie rétrograde a été décrit.

Discussion

La DB ne parait pas adaptée aux sténoses complètes, mais l'adjonction d'une intubation lacrymonasale semble augmenter son taux de succès. Elle reste toutefois moins efficace que la dacryocystorhinostomie pour la prise en charge des sténoses de canal lacrymonasal. La DB par voie rétrograde sous contrôle fluoroscopique fut la première technique décrite mais la nécessité d'une radioscopie en limite son usage pratique. Il existe actuellement un regain d’intérêt pour la DB par voie antérograde, grâce à la simplicité (anesthésie locale), la sécurité (aucun effet indésirable grave décrit) et la rapidité (durée inférieure à 30 minutes) de mise en œuvre pour la prise en charge des sténoses partielles. Certains paramètres comme l'âge, le diamètre du canal osseux lacrymonasal, l'étendue de la sténose, le diamètre du ballonnet, la durée de la dilatation, le caractère inflammatoire de la voie lacrymale verticale, les pathologies associées de l’appareil lacrymal sécréteur ou excréteur, le type et la durée des collyres post-opératoires, pourraient à l’avenir être pris en compte afin d’améliorer le taux de succès de la technique.

Conclusion

La dilatation au ballonnet pourrait être proposée en première intention pour la prise en charge des sténoses partielles du canal lacrymonasal de l'adulte. Une intubation lacrymo-nasale d’au moins 3 mois doit y être associée, afin de limiter le risque de récidive précoce. Le geste sera de préférence réalisé sous anesthésie locale, par voie antérograde et sous contrôle endonasal endoscopique. Les complications associées sont en général peu fréquentes et mineures. D’autres études prospectives de cette technique mini-invasive sont nécessaires afin de confirmer ces résultats encourageants.