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Eczéma de contact à la povidone iodée 5% après injection-intravitréenne : mythe ou réalité ?

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Orateurs :
Dr Hu FRANK
Auteurs :
Dr Hu FRANK
pierre-jean pisella
Dr Marie Laure LE LEZ
Tags :
Résumé

Objectif

Les injections intravitréennes sont devenues l’un des actes les plus pratiqués en ophtalmologie (>800 000 en 2019) et ce nombre ne cesse de croître. Une réactualisation des recommandations de la société française d’ophtalmologie et de la société d’hygiène française datant de 2020 encadrent désormais ce geste, dont le protocole varie peu ou prou d’un centre à l’autre. La povidone iodée 5% est le seul antiseptique ayant l’autorisation de mise sur le marché dans cette indication, néanmoins, sa tolérance est variable. Des effets secondaires existent également, comme l’eczéma de contact. Une question se pose vis-à-vis de l’origine de cette réaction et des alternatives médicamenteuses.

Description de cas

Nous présentons le cas d’un patient monophtalme de son œil droit, consultant pour un placard érythémato-squameux et un ectropion apparu peu après son injection intravitréenne. Il s’agit donc d’un eczéma de contact à un des produits utilisés pendant l’injection intravitréenne.

Observation

L’arrêt de la bétadine, et un traitement topique par dermocorticoïde a suffi à faire disparaitre l’eczéma de contact en quelques jours. L’ectropion a également disparu en même temps que l’eczéma de contact, qui de facto, était inflammatoire. Ce patient n’a plus présenté d’eczéma de contact depuis que la prophylaxie antiseptique a été modifiée.

Discussion

L’efficacité prophylactique de la povidone iodée 5% n’est plus débattue aujourd'hui. Cependant sa tolérance est variable. Bon nombre de patient utilise d’ailleurs cet argument pour interrompre le suivi. Une étude paru dans Contact Dermatitis  a montré que la sensibilisation à la povidone iodée était possible. Des prick-tests à la povidone iodée 5% ont été retrouvés positifs. Devant ces patients intolérants à la povidone iodée, il est nécessaire de proposer une alternative. L’hypochlorite de sodium 0.06% est utilisé de manière empirique avec très peu d’étude validant son efficacité. La chlorhexidine aqueuse 0.1% en revanche, a montré qu’elle était mieux tolérée et tout aussi efficace que la povidone iodée.

Conclusion

Les réactions allergiques retardées à la povidone iodée et sa mauvaise tolérance imposent le choix d’un autre antiseptique au moins aussi efficace, avec une meilleure tolérance. La chlorhexidine aqueuse qui est par ailleurs déjà utilisée, en tant que solution d’entretien pour lentille, ou pour traiter les amibes, pourrait être un candidat potentiel. Les cohortes australiennes ont montré que l’usage de la chlorhexidine aqueuse était sans danger pour nos patients. Certains centres l’utilisent d’ailleurs en première intention. Une étude française la comparant à la povidone iodée pourrait être très intéressante.