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Efficacité et tolérance du cross-linking épithélium-off dans le traitement du kératocône évolutif de l’enfant

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Auteurs :
Dr Anne-Sophie MARTY
Fatima Ahmed
Solène Capet
Camille Masson
Carole Burillon
Tags :
Résumé

Introduction

Le kératocône touche des enfants dans 5 à 10% des cas. Le terrain atopique associé dans cette population est responsable de frottements oculaires répétés à l’origine d’une progression rapide de la maladie. L’objectif de notre travail était double : d’une part déterminer le profil évolutif du kératocône dans une population pédiatrique et d’autre part évaluer l’efficacité du cross-linking épithélium-off sur l’évolution à long terme de la maladie.

Patients et Methodes

Nous avons réalisé une étude rétrospective en incluant les patients âgés de moins de 18 ans ayant consulté pour un kératocône entre 2010 et 2017. L’âge, le sexe, les antécédents d’atopie, l’origine ethnique étaient recueillis. Les données cliniques et paracliniques étudiées comprenaient la meilleure acuité visuelle de loin corrigée (MAVC), l’équivalent sphérique, la pachymétrie minimale, la kératométrie maximale (kmax) relevés lors du suivi. L’évolutivité du kératocône était définie par une perte d’une ligne de la MAVC et/ou l’augmentation de 1 dioptrie du kmax ou du cylindre ou de la sphère en moins de 6 mois. Un protocole conventionnel modifié de cross-linking a été utilisé avec une imprégnation de Riboflavine 0,1% pendant 20 minutes après désépithélialisation, suivie d'une irradiation pendant 9 minutes à une puissance de 10mW/cm².

Résultats

Quarante-huit yeux ont été inclus de 34 patients âgés en moyenne de 14,34 ans (7-18 ans). Deux tiers des patients étaient des garçons et d’origine caucasienne. La durée moyenne de suivi était de 66,7 mois. La moitié des patients présentait des allergies. Trente-quatre yeux ont été traités par cross-linking. La MAVC initiale était de 0,3 logMar et de 0,2 après cross-linking. La pachymétrie minimale initiale était de 471 µm contre 449µm après traitement. Le Kmax passait de 49,2D à 50,6D après traitement. La durée moyenne entre la première consultation et la réalisation du cross-linking était de 12 mois (3-120 mois) avec un âge moyen au moment du traitement de 14,1 ans (11-17,5 ans). Aucune complication n’est survenue en post-opératoire.

Discussion

Soixante et onze pourcents des patients ont dû subir un cross-linking. Il n’y a pas eu de retraitement nécessaire témoignant de l'efficacité à moyen terme d'un protocole de cross-linking conventionnel modifié chez l'enfant. Même en l’absence de complication, le recours à une anesthésie générale dans certains cas et la gestion de la douleur post-opératoire chez l’enfant nécessitent de poser l’indication opératoire avec précaution.

Conclusion

Il ne nous semble pas licite de proposer systématiquement un cross-linking lors de la découverte d’un kératocône chez un enfant. Cette option pourrait être discutée en cas d'allergie sévère ou de kératocône controlatéral très avancé. En revanche, compte tenu de l’évolution qui peut être fulgurante dans cette population, il convient de raccourcir les intervalles de surveillance à 3 mois maximum et d’insister sur l’arrêt des frottements oculaires.