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Epidémiologie des urgences ophtalmologiques pendant la période de confinement lié à l’épidémie de COVID-19

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Orateurs :
Dr Rizlène ETTAYEB
Auteurs :
Dr Rizlène ETTAYEB
Dr Marie COUANON
Amin Bennedjai 1
Dr Romain TOUZE
Jean Louis Bourges
Jean-Philippe Nordmann
Dr Vincent BORDERIE
Dr Clémentine DAVID
E. Tuil
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Résumé

Introduction

L’année 2020 a été marquée par un confinement imposé par de nombreux gouvernements pour faire face à l’épidémie due à la COVID-19. Cette période a stimulé de nombreuses publications étudiant les changements épidémiologiques dans la pratique hospitalière et libérale alors observés.

Il existe cependant peu de données détaillées étudiant les remaniements épidémiologiques des urgences ophtalmologiques.

L’objectif de cette étude est d’analyser la fréquentation au sein du plus grand centre d’urgences ophtalmologiques parisien, pendant la période du confinement s’étalant du 17 mars 2020 au 30 avril 2020, et de la comparer à la fréquentation hors confinement.

Patients et Methodes

Etude épidémiologique rétrospective observationnelle monocentrique.

Nous avons inclus tous les patients ayant consulté, entre le 17 mars 2020 et le 30 avril 2020, aux urgences ophtalmologiques du Centre Hospitalier National Ophtalmologique des Quinze-Vingts, Paris, France. Le groupe contrôle a été obtenu à partir d’un recueil rétrospectif sur la période du 6 au 19 Juin 2016. Les données épidémiologiques, administratives, les motifs de consultation, les diagnostics, les examens complémentaires, les prescriptions, les hospitalisations et les prises en charge ont été colligés.

Résultats

Pendant les 6 semaines de confinement, 3547 passages aux urgences ont été enregistrés. Le groupe contrôle est constitué de 2108 patients.

On observe une diminution d'environ 50% du nombre de passages quotidiens moyens; 76,8 patients par jour pendant le confinement contre 150,6 par jour hors confinement (p < 0,001).

La fréquence des diagnostics graves (regroupant les inflammations oculaires sévères, infections graves, pathologies vasculaires rétiniennes, urgences chirurgicales, et neuro-ophtalmologiques), a globalement augmenté pendant le confinement (p=0,03). La proportion de pathologies non graves (chalazion, conjonctivites, hémorragie sous conjonctivale, ptérygion, décollement postérieur du vitré), a quant à elle diminué (p<0,001) entre les deux périodes.

Aussi, un nombre accru d’examens complémentaires a été réalisé (p<0,001), et la fréquence d’hospitalisations a significativement diminué pendant la période du confinement (p<0,001).

Discussion

Cette étude constitue le plus grand recueil épidémiologique concernant la modification de la fréquentation des urgences ophtalmologiques pendant l’épidémie liée à la COVID-19. Le grand nombre de patients inclus dans chacun des groupes ainsi que l’inclusion systématique de tous les patients, confèrent à cette étude une forte puissance. Les résultats obtenus interrogent sur la possibilité d’un recours plus raisonné des consommateurs de soins aux urgences hospitalières à moyen terme.

Conclusion

Une réduction significative de la fréquentation des urgences ophtalmologiques a été observée pendant la période du confinement. Néanmoins, la proportion des consultations aux urgences présentant un réel caractère d’urgence (chirurgicale, infectieuse, inflammatoire et neuro-ophtalmologique) a augmenté pendant cette période particulière, probablement liée à l’appréhension d’une contamination en milieu hospitalier, à l’éducation de la population en temps de crise, et aux contraintes liées aux restrictions sur l’exercice ophtalmologique libéral et le suivi des pathologies ophtalmologiques chroniques.