L’auto-réfractomètre binoculaire Spot Vision Screener de Welch Allyn (SVS) permettrait, selon son fabricant, de dépister les troubles réfractifs significatifs (amétropie et/ou anisométropie) ainsi que les altérations du parallélisme oculaire, en miosis et sans cycloplégie. Cette étude a pour but de déterminer l’apport de cette technique dans le dépistage des troubles visuels de l’enfant.
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Etude comparative de l’intérêt d’un auto-réfractomètre binoculaire dans le dépistage des troubles visuels de l’enfant
Introduction
Patients et Methodes
L’étude a été menée lors d’une journée de dépistage pédiatrique gratuite en milieu hospitalier. Tous les enfants ont bénéficié, en miosis et avant tout examen, d’une mesure avec le SVS puis avec les auto-réfractomètres monoculaires Nidek ou Retinomax 3 selon l’âge et la collaboration. Tous les participants ont ensuite bénéficié d’un bilan othoptique complet (acuité visuelle/réaction à l’occlusion selon l’âge, test à l'écran loin/près, stéréotest de Lang, test du bi-prisme de Gracis, reflets de Brückner et oculomotilité).
Résultats
168 enfants âgés de 0,3 à 15,8 ans (médiane : 3,9 ans), majoritairement d’origine caucasienne, ont participé au dépistage. L’équivalent sphérique médian mesuré par le SVS était de +0,25 D aux deux yeux avec des valeurs comprises entre -4,25 D et +3 D à l’œil droit et entre -4,5 D et +2,75 D à l’œil gauche. Le SVS a mis en évidence 5 cas de myopie inférieure à S-1,5 D (3%), 31 cas d’hypermétropie supérieure à S+1,5 D (18,5%), 50 cas d’astigmatisme supérieur à C-1,25 D (29,8%) et 7 cas d’anisométropie avec une différence d’équivalent sphérique supérieure à 1 D entre les deux yeux (4,2%). Les auto-réfractomètres monoculaires ont révélé un équivalent sphérique médian de -0,13 D aux deux yeux avec des valeurs comprises entre -11,25 D et +2,63 D à l’œil droit et entre -8,63 D et +1,5 D à l’œil gauche. Ils ont mis en évidence 36 cas de myopie inférieure à S-1,5 D (21,4%), 10 cas d’hypermétropie supérieure à S+1,5 D (6%), 29 cas d’astigmatisme supérieur à C-1,25 D (17,3%) et 20 cas d’anisométropie avec une différence d’équivalent sphérique supérieure à 1 D entre les deux yeux (11,9%). A noter que le SVS n’a pas réussi à mesurer la réfraction de deux enfants (1,2%) contre 29 enfants (17,2%) avec les auto-réfractomètres monoculaires. Le SVS a permis de dépister 2 cas d’exotropie, alors que les bilans orthoptiques ont décelé 1 cas d’ésotropie et 5 cas d’exotropie. En outre, l’examen orthoptique a permis de discerner les éso- / exophories (41 cas de loin et 101 cas de près), d’évaluer la vision binoculaire par stéréotest de Lang (18 échecs) et les opacifications des milieux oculaires à l’aide des reflets de Brückner (2 cas suspects). Enfin, seule l’évaluation de l’oculomotilité par les orthoptistes a permis de déceler deux syndromes de Stilling-Duane, une élévation en adduction et un ptosis n’atteignant pas l’axe visuel. Le SVS a recommandé d’approfondir l’examen ophtalmologique dans 34 cas (20,2%) contre 53 cas suspects (31,5%) après examen complet.
Discussion
Le SVS est un outil utile dans le dépistage de masse pour le non ophtalmologue, lui apportant des valeurs objectives. Il ne réussit cependant pas à détecter les troubles de l’oculomotilité et les baisses d’acuités visuelles organiques ou à évaluer subjectivement le potentiel visuel.
Conclusion
Le SVS est un bon complément diagnostique, mais cette technique ne permet pas et ne doit pas remplacer un examen ophtalmologique/orthoptique complet associé à une réfraction sous cylclopégie.