La plongée sous-marine impose à l'œil de nombreuses contraintes tant sur le plan fonctionnel, puisque l'œil du plongeur évolue dans un milieu qui entache ses performances, que sur le plan organique compte tenu de l'exposition au milieu hyperbare.
L'objectif de notre travail a été d'étudier les flux sanguins rétiniens chez des plongeurs professionnels après plongée saturante, afin d’évaluer le retentissement immédiat et à long terme d’expositions hyperbares répétées sur la vascularisation rétinienne, et de rechercher des éléments d’explication aux atteintes organiques et fonctionnelles observées au niveau rétinien.
Les auteurs ont utilisé le RetinalFunction Imager® pour mesurer les vitesses des flux sanguins rétiniens à partir de multiples microvaisseaux, simultanément.
39 yeux de 20 plongeurs et 46 yeux de 23 sujets contrôle ont été inclus.
La comparabilité des groupes a été vérifiée.
Les vitesses circulatoires rétiniennes dans les suites immédiates de l’exposition hyperbare ne sont pas modifiées chez les plongeurs de cette étude.
En revanche, les vitesses sanguines veinulaires sont statistiquement augmentées (p=0,027), chez les plongeurs à l’état basal. On retrouve par ailleurs une tendance à l’augmentation des vitesses artériolaires par rapport aux témoins (p=0,059) à l’état basal.
Les hypothèses retenues sont celle de la mise en jeu de mécanismes compensant la dysfonction microcirculatoire induite par l’hyperoxie et/ou celle d’une modification de la perfusion capillaire avec mise en jeu de mécanismes d’autorégulation permettant de maintenir un apport métabolique constant pour la rétine.
Ces hypothèses soulignent l’intérêt de poursuivre les études sur le retentissement microcirculatoire lié à la répétition des plongées.
Cette étude suscite de nouvelles interrogations quant à l’impact de l’hyperbarie sur la microcirculation rétinienne, mais aussi sur la microcirculation du plongeur professionnel en général, l’œil nous offrant l’opportunité d’une « fenêtre ouverte sur le dysbarisme ».
