La kératite amibienne est une infection cornéenne rare, de traitement mal codifié et difficile. L’utilisation du voriconazole a été rapporté dans le traitement de la kératite amibienne à propos de quelques cas cliniques. Les données de son efficacité in vitro sont discordantes. Le but de cette étude est de tester l’efficacité du voriconazole en collyre à 10 mg/mL in vivo sur un modèle de kératite à Acanthamoeba polyphaga chez le rat.
Name
Evaluation in vivo de l’efficacité du voriconazole en collyre sur un modèle de kératite à Acanthamoeba polyphaga chez le rat
Introduction
Patients et Methodes
Quarante rats Sprague-Dawley ont été infectés, au niveau de l’œil gauche par une injection intra-stromale d'Acanthamoeba polyphaga. Le voriconazole en collyre à 10 mg/mL a été administré chez 10 rats pendant 72 heures toutes les heures, de 8 à 20 heures; puis pendant 10 jours toutes les 2 heures; puis 4 fois par jour. De manière concomitante, le voriconazole a été instillé dans l’œil droit pour évaluer sa pénétration intracornéenne selon ce protocole. Le voriconazole par administration per os à la posologie de 60 mg/kg/jour en deux prises a été testé chez 10 rats. Les rats témoins n’ont reçu aucun traitement. Un examen ophtalmologique hebdomadaire associé à une injection sous conjonctivale de bétaméthasone (0,28 mg) ont été réalisés. L’infection clinique était définie par la présence d’un œdème ou d’un infiltrat stromal associés ou non à des néovaisseaux cornéens. La gravité de l’infection clinique a été classée de 0 (pas de lésion) à 3 (opacité cornéenne masquant les détails iriens). A J28, les rats ont été sacrifiés. Un grattage cornéen pour analyse bactériologique et par PCR en temps réel a été réalisé pour chaque rat. Les cornées on été fixées pour analyse histologique. La concentration plasmatique et cornéenne du voriconazole a été déterminée par chromatographie en phase liquide à haute performance.
Résultats
L’infection clinique s’est aggravée chez moins de rats de manière significative entre 7 entre le 14ème jour dans le groupe traité par le voriconazole collyre (1/10 rats) et le groupe témoin (9/10 rats) (p=0,001). Cependant, l’infection s’est ensuite aggravée de manière similaire (p >0,05). L’infection clinique s’est aggravée chez autant de rats entre le 7ème, le 14ème et le 28ème jour dans les groupes de rats traités par voriconazole per os et dans le groupe témoin (p >0,05). L’analyse bactériologue n’a pas identifié de surinfection bactérienne significative. L’analyse parasitologique en PCR et histologique sont en cours. La pénétration intracornéenne du voriconazole a été étudiée après une administration horaire chez 5 rats, la concentration moyenne était de 5,6 +/- 4,4 ng/mg; puis après une administration toutes les deux heures chez 5 rats, la concentration moyenne était de 2,38 +/1,6 ng/mg; puis après une administration 4 fois par jour chez 9 rats, la concentration moyenne était de 0,32 +/- 0,15 ng/mg. Après administration par voie générale, la concentration sanguine moyenne du voriconazole était de 1,72 +/- 1,79 μg/mL et dans la cornée de 3,29 +/- 2,27 ng/mg.
Discussion
Le voriconazole en collyre semble être efficace cliniquement en instillation toutes les heures et ne l’est plus dès que la fréquence d’instillation est diminuée. Ainsi, l’efficacité semble corrélée à l’obtention de forte concentration intracornéenne.
Conclusion
Le voriconazole semble efficace chez l’animal dans un modèle de kératite amibienne selon des modes d’administration qui permettent l’obtention de concentrations intracornéennes hautes, obtenues par une instillation intensive en collyre à 1%.