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Intérêt des lentilles sclérales dans la prise en charge de la kératopathie neurotrophique

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Orateurs :
Dr Jérémie MOHAMED ANVER
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Résumé

Introduction

Le traitement symptomatique des kératopathies neurotrophiques est difficile et mal codifié. Il  réside dans l’utilisation d’agents mouillants et de lentilles pansements souples hydrophiles. Des attitudes chirurgicales telles que la greffe de membrane amniotique ou la tarsorraphie peuvent également être envisagées. Pour les patients en échec thérapeutique, la lentille sclérale pourrait s’avérer être une option intéressante. 

L’objectif de ce travail est d’étudier l’efficacité et la tolérance des lentilles sclérales dans la prise en charge des kératopathies neurotrophiques.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective, monocentrique, non comparative. Au cours de cette période, 12 yeux de 12 patients ont été inclus. Ces patients présentaient tous une kératopathie neurotrophique et ont été adaptés en lentilles sclérales après échec du traitement médical et/ou chirurgical. Un des patients a été adapté de manière bilatérale, le choix d’un des 2 yeux ayant été fait arbitrairement pour l’analyse.

Les données analysées comportaient la mesure de l’acuité visuelle, l’évaluation de la  cicatrisation cornéenne après instillation de fluorescéine et la tolérance du verre. 

Résultats

Douze yeux de 12 patients ont été inclus,  6 femmes et 6 hommes. La moyenne d’âge des patients inclus était de 46,2 ans +/- 21,3 ans. La kératite neurotrophique était d’origine infectieuse pour 3/12 yeux (25%), post-chirurgicale ou post-radiothérapie pour 5/12 yeux (42%), post-traumatique après brûlure chimique pour 2/12 yeux (17%), associée à un diabète pour 1/12 yeux (8%) et idiopathique pour 1/12 yeux (8%).

Tous les patients avaient bénéficié d’agents mouillants non conservés en première intention.

Trois patients avaient bénéficié d’une greffe de membrane amniotique préalable.

Une anesthésie cornéenne totale était retrouvée chez 10/12 yeux (83%), une hypoesthésie cornéenne chez 1/12 yeux (8%), et les données étaient manquantes pour 1/12 yeux (8%).

Un ulcère cornéen initial était présent chez 5/12 yeux (41%) et une kératite punctuée superficielle sévère chez 7/12 yeux (58%).

La lentille sclérale était bien tolérée chez 10/12 yeux (83%), mal tolérée et ayant conduit à l’arrêt du port de la lentille chez 1/12 yeux (8%) et un patient a été perdu de vue. La cicatrisation cornéenne complète était obtenue chez 9/12 yeux (75%), était absente chez 2/12 yeux (17%). La durée moyenne de cicatrisation après adaptation avec la lentille sclérale a été de 1,8 mois +/- 0,84 mois chez 5 patients. L’acuité visuelle moyenne initiale était de 1,47 LogMAR et l’acuité visuelle finale chez les patients cicatrisés de 0,52 LogMAR (p=0,034).  

Discussion

La supériorité des lentilles sclérales par rapport aux lentilles souples hydrophiles serait directement liée à la non transmission des forces de friction à la cornée. Cependant, peu de travaux se sont intéressés à l’utilité des lentilles sclérales dans la prise en charge de la kératopathie neurotrophique.

 

Conclusion

Les lentilles sclérales semblent efficaces dans la cicatrisation des kératopathies neurotrophiques et sont bien tolérées. Leur utilisation pourrait être une alternative au traitement chirurgical.