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Kératites infectieuses graves : pronostic fonctionnel et anatomique

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Orateurs :
Dr Baptiste GOBERT
Auteurs :
Dr Baptiste GOBERT
Dr Alexandre LAVIGNE
Dr Marc MURAINE
Julie Gueudry
Tags :
Résumé

Introduction

Les kératites infectieuses sont des pathologies fréquentes et potentiellement graves, elles sont susceptibles de mettre en jeu le pronostic visuel des yeux atteints.  Une prise en charge médicale et parfois chirurgicale doit être entreprise en urgence. L’objectif de cette étude est de préciser le pronostic fonctionnel et anatomique des abcès graves et les traitements mis en œuvre.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle monocentrique d’une série de cas de kératites infectieuses pris en charge entre 2014 et 2018. Les patients présentant des critères de gravité (localisation à moins de 3 mm de l’axe optique, taille de l’infiltrat de plus de 2 mm, tyndall en chambre antérieure supérieur à 1 +, terrain fragile ou œil unique) ont été hospitalisés et inclus dans l’étude. Le recul minimum de suivi était de 1 mois. Chaque patient a bénéficié d’un grattage cornéen avec examen bactériologique, mycologique et parasitologique. Une antibiothérapie probabiliste été débutée puis le traitement a été secondairement adapté au germe identifié. Les caractéristiques microbiologiques, cliniques et thérapeutiques ont été recueillies. 

Résultats

Les données 232 patients hospitalisés ont été analysées.  Le recul a été insuffisant chez 25 patients. L’âge moyen des patients était de 60,6 ans (7 à 98 ans) ; 53 % étaient des femmes. Les facteurs favorisant retrouvés étaient une kératopathie chronique (trouble trophique, rosacée, kératoconjonctivite atopique, syndrome sec) (43 %), le port de lentilles de contact (40 %), une chirurgie récente (20%), une malposition palpébrale (12 %) et un contexte traumatique (6 %). Il s’agissait d’une kératite bactérienne chez 171 patients (71 %), à Acanthamoeba chez 4 patients (2%), et fongique chez 5 yeux (patients (2%). Aucun germe n’a été identifié chez 60 patients (26%). 13 patients (6%) ont bénéficié d’une antibiothérapie par voie générale en cas de perforation ou de sclérite associée. La durée moyenne d’hospitalisation était de 6,5 +/- 3,33 jours (de 1 à 30 jours). Chez 58/232 patients (25%) est survenue une complication: 31 ulcères trophiques (13%), 26 perforations cornéennes (11 %) et 10 échecs de contrôle de l’infection (4%). Un geste chirurgical a été effectué chez 62 patients : 34 greffes de membranes amniotiques (15 %), 21 recouvrements conjonctivaux partiels ou complets (9%), 5 kératoplasties à chaud (2%), une éviscération (0,5%) et 3 tarsorraphies (1%). L’acuité visuelle initiale moyenne était de 1,43 +/-0,91 LogMAR (de 0 à 2,6) évoluant à 1 mois à 1,07 =/- 0,93  LogMAR (0 à 2,6) (202 patients).

Discussion

La perforation cornéenne reste une complication fréquente des kératites infectieuses (11%), le recouvrement conjonctival partiel ou complet et la greffe de membrane amniotique permettent d’éviter des chirurgies mutilantes. 

Conclusion

Les kératites infectieuses demeurent des pathologies graves mettant en jeu l’intégrité anatomique du globe oculaire. Les prises en charge chirurgicales conservatrices sont cependant le plus souvent possibles au prix d’une perte de fonction fréquente.