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Le dépistage de la dégénérescence maculaire liée à l’âge: un outil de prévention de la perte d’autonomie

La dégénérescence maculaire liée à l’âge est la première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans dans les pays développés. Le risque augmente avec l’âge pour dépasser 25% de la population après 75 ans. Un dépistage précoce est primordial puisqu’il est démontré qu’une prise en charge rapide améliore les chances de récupération et de stabilisation. Notre centre a développé depuis plusieurs années un examen de prévention de santé dédié aux seniors de 65 ans et plus. Ainsi, outre l’examen de santé standard, un repérage du risque de chute, une détection des troubles de mémoire, une détection de la dépression, un repérage de la iatrogénie médicamenteuse, un repérage de la fragilité et un dépistage de la dégénérescence maculaire liée à l’âge sont proposés.  

C’est une étude descriptive du dépistage organisé de la dégénérescence maculaire liée à l’âge réalisé dans notre centre de 2012 à octobre 2016. Ce dépistage était proposé aux seniors âgés de 65 ans et plus venus réaliser un examen de prévention santé. Le dépistage était réalisé par une infirmière formée à l’utilisation d’un  Rétinographe Non Mydriatique. Les clichés étaient télétransmis sur un serveur sécurisé puis interprétés de façon différée par un ophtalmologue. Des courriers selon les résultats (normal, anormal sans urgence, anormal urgent avec appel  téléphonique, ininterprétable) étaient ensuite adressés au médecin traitant et au senior. La définition des différents stades de la maladie était réalisée à partir de la classification internationale (Rotterdam Study Grading System) de 0 à 4 (en fonction de la présence de druses, d'anomalies pigmentaires, d'atrophie géographiques et de lésions néovasculaires). Les images dont la qualité était insuffisante pour une interprétation correcte était étiquetée : "ininterprétable".

Entre 2012 et octobre 2016,  3588 seniors sont venus réaliser un examen de prévention. Une rétinophotographie a été réalisée pour 1889 seniors (52,6%). Les causes de non réalisation étaient : refus (24,4%), impossibilité technique (13,1%), anomalie de la vision connue (10,3%), dégénérescence maculaire liée à l’âge connue et suivie (11,9%), fond d’œil récent (30,7%) et éloignement (9,5%). Les seniors dépistés étaient plus fréquemment des hommes (52,7%). La moyenne d’âge était de 70,90 ans ± 5,33. Une précarité (score EPICES) était présente chez 42,3% des seniors.  Sur cette période, 3771 clichés ont été réalisés, 2995 d’entre eux ont été interprétées et 776 (20,58%) ont été ininterprétables. 2453 rétinophotographies (81,90%) étaient normales, 527 (17,6%) présentaient un stade de maculopathie liée à l’âge et 15 clichés (0,50%) présentaient une forme avérée atrophique ou exsudative. Une orientation vers l’ophtalmologue a été réalisée chez 449 seniors (30,56%) des seniors.

Une maculopathie liée à l'age ou une dégénérescence maculaire liée à l’âge sont dépistées chez presque deux seniors sur dix ;  la moyenne d’âge relativement jeune des seniors (71ans) dépistés explique le nombre important de maculopathie liée à l'age obtenu sans dégenerescence.  Par ailleurs, presque un tiers des seniors avec une cliché interprété a été orienté vers leur ophtalmologue pour une prise en charge.

Ce dépistage s'impose donc dans le parcours de santé des seniors notamment pour prévenir  les chutes et la perte d’autonomie et in fine dans l’amélioration de la qualité de vie des seniors.