La néovascularisation cornéenne est l’apparition des néovaisseaux dans le stroma cornéen normalement avasculaire. Les pathologies néovasculaires cornéennes sont fréquentes dans notre contexte et représentent un problème majeur de santé public, la baisse d’acuité visuelle pouvant conduire à une cécité cornéenne.
Le but de notre étude est de décrire les aspects épidémiologiques ainsi que les principales étiologies de la néovascularisation cornéenne à travers l’expérience de notre service.
Nous rapportons les résultats d’une étude rétrospective menée sur 167 patients suivis pour néovaisseaux cornéens dans notre centre entre Janvier 2013 et décembre 2015.
La moyenne d’âge de nos patients était de 38,15 ans ± 20 (extrêmes 02-80ans) avec une légère prédominance masculine (sex-ratio homme/femme à 1,16). La néovascularisation cornéenne était légère (grade II) dans 18%, modérée (grade III) dans 53%, et sévère (grade IV) dans 29%, selon la classification des stades cliniques de la néovascularisation cornéenne. Les étiologies étaient dominées par les causes infectieuses (52,7%), suivies des causes traumatiques (27,3%) et inflammatoires (9,1%). L’abcès de cornée représentait 82,4% des étiologies infectieuses, suivie des kératites herpétiques (17,6%). L’abcès de cornée était d’origine bactérienne avec preuve microbiologique dans 16,4% (27 cas), mycosique dans 3,6% (6 cas) et prélèvements stériles dans 80%. Les étiologies traumatiques étaient dominées par les brulures oculaires (10,3%) et les plaies de cornées (13,3%). Parmi les étiologies inflammatoires, on retrouvait la kératoconjonctivite atopique (1,8%), la polyarthrite rhumatoïde (3,6%), la sclérodermie systémique (1,8%) et le rejet de greffe (1,8%).Tous les patients ont bénéficié au moins d’une injection de bevacizumab à la dose de 2,5mg en sous conjonctival. La moyenne du nombre d’injection était de 2, 76 ± 1,47 (Extrêmes 1-8). La durée moyenne entre les injections était de 27 jours ± 13,5 (Extrêmes : 0-90 jours). Une réduction des néovaisseaux cornéens était observée dans 64%.
La population étudiée dans notre série était jeune avec une prédominance masculine, comme dans la littérature, où les néovaisseaux cornéens sont l’apanage de l’adulte jeune entre 30 et 45 ans. En revanche, le sex-ratio varie d’une étude à l’autre entre 1 et 5. Dans notre série, le sex-ratio était de 1,16 avec une moyenne d’âge de 38 ans. Les étiologies les plus fréquemment retrouvées dans la littérature sont les brûlures chimiques et les séquelles de kératites herpétiques au premier rang ; le syndrome de Stevens-Johnson et Lyell ; et les rejets de greffons cornéens. Dans notre série, ce sont les abcès de cornée (35,1%), les kératites herpétiques (17,6%), les plaies de cornée (13,3%) et les brulures oculaires (10,3%).
La néovascularisation cornéenne constitue le stade terminal de la plupart des pathologies inflammatoires de la surface oculaire. Les abcès de cornées, les kératites herpétiques et les causes traumatiques (brulures oculaires, plaies de cornées) représentent les principales étiologies dans notre contexte.