Name

L’épithéliopathie en plaque à l'ère de la Covid-19

L’épithéliopathie en plaque fait partie  du groupe des syndromes des taches blanches. C’est une pathologie inflammatoire touchant primitivement la rétine et la choroïde de l’adulte jeune. Dans la très grande majorité des cas, l’évolution de cette affection est favorable avec une cicatrisation spontanée des lésions. Néanmoins, des récidives sont possibles. Nous rapportons le cas d’une EPP, bilatérale, chez un adulte jeune de sexe masculin dans un contexte de pandémie de Corona virus est une atteinte positive au covid-19

Le patient A.B, âgé de 21  ans, consulte dans le cadre de l’urgence en Décembre 2020 pour une baisse de l’acuité visuelle bilatérale brutale avec altération du champ de vision , accompagnée d’une altération de l’état général avec asthénie, fébricule évoluant depuis environ 15 jours, précédé d’un épisode de syndrome grippal

L’examen ophtalmologique initial retrouve une acuité visuelle inférieure à 01/10° aux deux yeux, à la lampe à fente : une hyperhémie conjonctivale, une chambre antérieure profonde avec un Tyndall cellulaire mesuré à 1+ au niveau des deux yeux. Le tonus oculaire à 12 mm Hg aux deux yeux. Au fond d’œil sont observées de façon bilatérale et symétrique une hyalite à 1+, des lésions blanches profondes de la rétine à contours nets, plus ou moins géographiques, réalisant une atteinte diffuse du pôle postérieur et associées à un œdème maculaire. L’angiographie à la fluorescéine retrouve des lésions rétiniennes typiques d’épithéliopathie en plaque avec à la phase aiguë, (hypofluorescentes aux temps précoces, puis hyperfluorescentes et inhomogènes aux temps tardifs).L’OCT maculaire retrouve un œdème maculaire bilatéral associé à un décollement séreux  de l’épithélium pigmenté maculaire. Le bilan étiologique de cette choriorétinite bilatérale (comprenant un bilan biologique, immunologique ainsi qu’une imagerie), retrouve une atteinte thoracique pulmonaire type Covid-19 < 25%pas complétée par un test Rt-PCR positif. Une NFS et un taux des DDimères retrouvés correctes.Au terme de ce bilan, le diagnostic d’épithéliopathie en plaque post Covid-19 a été posé.Le traitement, mis en route comporte une bithérapie (Azythromycine et Augmentin, Vitamine C +Zinc anti pyrétique et vitamine D) associée à une corticothérapie par voie générale à raison de 1mg/kg/j. L’évolution clinique a été marquée par une amélioration initiale rapide des signes fonctionnels, avec disparition de l’altération de l’état général sans amélioration cependant de l’acuité visuelle.

L’épithéliopathie en plaque (EPP) est une choriorétinite inflammatoire caractérisée par des lésions blanchâtres de la rétine comportant une sémiologie ophtalmoscopique et angiographique particulière. Elle affecte typiquement des sujets jeunes sans prédominance de sexe et sans antécédent particulier, qui souffrent d’une baisse de l’acuité visuelle unilatérale avec bilatéralisation secondaire possible (quelques jours à quelques semaines). Elle est précédée dans 30 % des cas d’un syndrome grippal. Dans cette observation, l’aspect typique des lésions ophtalmoscopiques et angiographiques, le bilan étiologique de cette choriorétinite bilatérale faisait suspecter le diagnostic de choriorétinite post Covid-19 ou confirmée par le test Rt PCR et TDM thoracique 

L’épithéliopathie en plaque dans le cadre d’une atteinte Covid-19  représente encore une fois une forme nouvelle devant une circonstance nouvelle qu’est la pandémie du Corona virus ; Ces formes atypiques doivent être suspectées devant un contexte épidémiologique particulier, une altération de l’état général  et une atteinte pulmonaire cliniquement discrète.