Le glaucome est une pathologie fréquente entraînant une altération de la vision périphérique. L’extension des limites, décrite pour la première fois par Intraub et Richardson (1989), est une caractéristique de la mémoire visuo-spatiale hautement reproductible qui consiste en l’extrapolation des scènes visuelles au-delà du cadre de la scène elle-même.
L’objectif de cette étude monocentrique cas-témoin prospective réalisée au CHRU de Lille, est d’évaluer le phénomène d’extension des limites chez des patients glaucomateux à champ visuel tubulaire en comparaison à des sujets témoins à champ visuel normal.
30 sujets ont été inclus, 15 patients glaucomateux stables à champ visuel tubulaire ( mean deviation = -20.65dB) et 15 témoins appariés en âge, exempts d’atteinte du champ visuel. 10 photographies représentant une scène visuelle leur ont été présentées, avec des durées de présentation aléatoirement définies de 0.5 secondes ou 10 secondes. Les sujets dessinaient en rappel immédiat la scène sur un cadre de 15 cm sur 20 cm.
295 dessins sur 300 ont été analysés, l’extension des limites étaient plus importante de 12% chez les sujets avec un glaucome à champ visuel tubulaire, surtout pour 4 des 10 photos. Aucune corrélation entre la sévérité du glaucome évaluée par la « mean deviation » et l’effet d’extension des limites n’a été retrouvée.
La dégénérescence neuronale dans le glaucome semble ne pas se limiter qu’aux seules cellules ganglionnaires rétiniennes, mais aussi au cortex visuel primaire et même aux aires associatives.
Les patients glaucomateux avec vision périphérique altérée ont des taux d’extension plus élevés que les témoins, révélant une modification de leur mémoire visuo-spatiale.