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Occlusion de veine centrale de la rétine et port de lunettes de natation

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Orateurs :
Dr Sophie CATANESE
Auteurs :
Dr Sophie CATANESE
Dr Maxime BIGOTEAU
Emmanuelle Lala
Raoul Khanna
pierre-jean pisella
Tags :
Résumé

But

L’occlusion de veine centrale de la rétine touche classiquement les personnes ayant pour facteurs de risque une hypertension artérielle ou une hypertonie oculaire. Nous rapportons ici le cas d’une occlusion veineuse rétinienne d’étiologie et de présentation atypiques chez une jeune femme.

Observation

Il s’agit d’une femme de 26 ans, avec pour seul antécédent une anorexie mentale, ayant consulté pour des d’épisodes répétés de baisse d’acuité visuelle indolore unilatérale de l’œil droit, décrit comme un voile visuel sombre irrégulier. Ces épisodes duraient de quelques minutes à quelques heures depuis une semaine et apparaissaient après la natation.

Cas clinique

L’examen initial retrouvait une acuité visuelle fluctuant entre 2/10 lors des épisodes de troubles visuels transitoires et 10/10 sans symptômes à droite et 10/10 à gauche. La pression intra-oculaire était de 20mmHg à droite et 15mmHg à gauche.

L’examen du segment antérieur et la tomographie par cohérence optique maculaire et papillaire étaient sans anomalies aux deux yeux. Au fond d’œil, on constatait uniquement deux hémorragies péri-veineuses et une discrète dilatation des veines rétiniennes à droite. L’angiographie à la fluorescéine réalisée la semaine suivante révélait une diffusion des veines rétiniennes, sans retard de perfusion ni diffusion papillaire.

Après 15 jours, une occlusion complète de la veine centrale de la rétine de l’œil droit s’est constituée associant hémorragies rétiniennes, tortuosité veineuse, œdème papillaire, nodules cotonneux péri-papillaires et le long des arcades vasculaires. La patiente décrivait alors des scotomes centraux objectivés par le champ visuel automatisé. Le tomographie par cohérence optique maculaire montrait de multiples plages d’hyperréflectivité des couches plexiforme externe et nucléaire interne.

Le bilan étiologique comportant une angio-IRM cérébrale et orbitaire, la recherche de facteurs de risque cardio-vasculaires, de trouble de la coagulation et de syndrome d’apnée du sommeil était négatif. L’étiologie retenue est une hyperpression répétée sur port de lunettes de natation serrées. Au dernier contrôle avec un recul de dix semaines l’acuité visuelle était de 12/10 Parinaud 2 sans conversion ischémique.

Discussion

De multiples études ont prouvé que le port de lunettes de natation induit une élévation significative de la pression intra-oculaire et des conséquences sur la perfusion par un effet de succion et d’appui périorbitaire. L’augmentation de la pression est d’autant plus marquée que l’aire de contact avec le visage est étroite, jusqu’à être absente avec un masque de plongé. Par ailleurs, des cas de glaucome s’y associant sont rapportés. Il a également été possible d’utiliser ces lunettes comme outils d’étude des conséquences d’une hyperpression sur l’anatomie du nerf optique.

Conclusion

Le port de lunettes de natation serrées peut conduire à l’occlusion veineuse rétinienne par un mécanisme de succion à l’origine d’une hypertonie intra-oculaire. Il est donc recommandé de limiter la durée du port et de favoriser des modèles à appui large, à fortiori en cas de troubles visuels transitoires.