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Perforation cornéenne postopératoire à l’indométhacine en collyre : à propos d’un cas

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Auteurs :
Dr Ahmed ZAYANI
meriem zayani
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Résumé

Objectif

Les collyres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont un « gold-standard » dans le traitement postopératoire de la chirurgie de la cataracte. Les collyres AINS sont connus pour leur action analgésique postopératoire par leur effet anesthésiant. Cet effet anesthésiant est à l’origine de complications cornéennes rares mais garves aboutissant, dans certains cas, à la perforation. L’objectif de ce travail est de décrire un cas de perforation cornéenne postopératoire à l’indométhacine en collyre et de relever les facteurs de risque qui potentialisent sa toxicité.

Description de cas

Nous rapportons l’observation d’un patient qui a présenté une perforation cornéenne postopératoire à l’indométhacine en collyre.

Observation

Il s’agit d’un patient âgé de 82 ans, sans antécédents pathologiques connus, suivi pour une kératoconjonctivite sèche non liée à un syndrome de Gougerot-Sjögren, traitée par des substituts lacrymaux en gels. Il a opéré de cataracte sénile de son œil droit. Il a eu une phacoémulsification avec implantation dans le sac capsulaire sans incidents. Le traitement postopératoire associait un collyre à l’indométhacine, un collyre à la déxaméthasone et un collyre à la ciprofloxacine. Les suites opératoires immédiates étaient simples avec une acuité visuelle à 9/10 à J4 post-opératoire. Au quinzième jour postopératoire, le patient a présenté une baisse brutale de la vision de l’œil droit sans douleurs ni rougeur oculaire et sans notion de traumatisme. L’acuité visuelle était égale à 1/20ème avec la présence d’une perforation cornéenne paracentrale inférieure de 1 mm colmatée par l’iris, un Seidel positif et une athalamie. L’écouillonnage de la conjonctive était négatif éliminant une cause infectieuse. Tous les traitements prescrits ont été arrêtés. Nous avons mis en place une lentille pansement et prescrit des agents mouillants sans conservateurs dans l’attente d’une greffe de cornée à chaud. L’évolution sous lentille thérapeutique a été favorable et a permis de surseoir à la greffe de cornée. Cicatrisation complète de la perforation à 2 mois et remontée de l’acuité visuelle à 6/10ème à 12 mois au prix d’un leucome adhérent excentré paracentral inférieur.  Le patient a été opéré de cataracte sur l’œil adelphe. Le traitement postopératoire n’a pas inclus d’indométhacine. Suites opératoires simples.

Discussion

La perforation cornéenne à l’indométhacine en collyre est une complication exceptionnellement décrite. A notre connaissance, il s’agit du deuxième cas observé. Les AINS en collyre sont connus pour leur toxicité cornéenne par leur action anesthésiante et activatrice des métalloprotéases. Certains facteurs potentialisent cette toxicité tels que la séchesresse oculaire, le syndrome de Gougerot-Sjögren, la polyarhtrite rhumatoïde, la rosacée oculaire et l’association à la ciprofloxacine.

Conclusion

La perforation cornéenne à l’indométhacine est une complication exceptionnellement décrite. A la connaissance des auteurs, ce cas est le deuxième rapporté. Une surveillance rapporchée est nécessaire chez les patients traités par AINS en collyre et présentant une pathologie de la surface oculaire.