Le rôle de la surface oculaire en chirurgie réfractive est devenu indiscutable. Le dysfonctionnement des glandes de Meibomius (DGM) est l’étiologie première du syndrome sec oculaire. Sa prévalence serait de 40% et augmenterait avec l’âge. Nous proposons d’apprécier la prévalence de la meibomite dans une population candidate à la phacoexérèse à l’aide d’une plateforme de meibographie automatisée.
Name
Prévalence du dysfonctionnement meibomien chez les candidats à la chirurgie de la cataracte
Introduction
Patients et Methodes
Nous avons évalué le syndrome sec oculaire et la dysfonction des glandes meibomiennes chez 200 candidats à la chirurgie de la cataracte à l’aide de la plateforme d’interférométrie Lipiview© (Tearscience) dessinée pour l’exploration spécifique de la composante lipidique du film lacrymal combinée aux outils suivants : estimation de la symptomatologie de sécheresse par questionnaire SPEED, mesure de l’épaisseur de la couche lipidique (LLT) et analyse du clignement palpébral, la transillumination palpébrale pour mesure du degré d’atrophie glandulaire (échelle Meiboscale), l’expression quantitative et qualitative des glandes de Meibomius (= score MGE) et la mesure du temps de rupture lacrymale (= TBUT).
Résultats
L’âge moyen des patients était de 69 ans (+/- 10,68 – Min =36, Max=92). La prévalence du dysfonctionnement des glandes de Meibomius (score MGE ≤ 18 et LLT abaissés) est importante chez les candidats à la chirurgie de la cataracte se chiffrant à 52%. Il est à souligner une corrélation importante entre le score MGE (reflétant le DGM) et l’âge, la fréquence se majorant avec le vieillissement (-0,20 p=0,0091). Nous avons constaté qu’il existe plusieurs autres corrélations notamment entre le score MGE, le SPEED et le LLT : plus la DGM est importante, plus le SPEED augmente (p=0,0067) et plus le LLT diminue 0,38 (p<0,0001). Avec l’âge l’atrophie des glandes de meibomius augmente IC 95% (0,910, 0,972). Les patients peu symptomatiques (SPEED < 8) avec une DGM et/ou une atrophie des glandes de meibomius représentent 55% des patients. Cette constatation nous amène à être vigilants en pré opératoire et à détecter une éventuelle DGM asymptomatique afin de la traiter. A noter, la fréquence des clignements palpébraux incomplets invitant à la rééducation au clignement préopératoire efficace et souvent suffisante.
Discussion
Nombreux outils novateurs se concentrent sur la couche lipidique. La plateforme ici approchée confirme la capacité de pouvoir actuellement la quantifier et identifier les mécanismes associés pour définir une thérapeutique ciblée. La prévalence chiffrée du dysfonctionnement meibomien justifie l’importance de sa prise en charge.
Conclusion
Le dépistage du DGM par un examen attentif des glandes de Meibomius en pré opératoire (avec mesure du score MGE) s’avère désormais une nécessité. L’aide au diagnostic apportée par la meibographie telle que l’interférométrie permet une quantification de divers paramètres d’intérêt (LLT, atrophie des glandes, clignements partiels). Elle apporte la preuve chiffrée de la prévalence importante de l’altération de la surface oculaire par dysfonctionnement meibomien en pré opératoire. Une prise en charge pré opératoire permettra d’améliorer le résultat visuel ainsi que le confort post opératoire des patients.