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Résultats fonctionnels de la chirurgie de cataracte lors de la caravane ophtalmologique à l’Hôpital Régional d’Abéché au Tchad

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Orateurs :
Tyau-Tyau Harba
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Résumé

Introduction

Le traitement de la cataracte obturant est exclusivement chirurgical. Pour pallier à la carence des ophtalmologistes au Tchad, des caravanes ophtalmologiques sont organisées à travers le pays pour opérer gratuitement les patients souffrant de cataracte. Le but de notre étude est d’évaluer les résultats fonctionnels de cette chirurgie réalisée lors d’une campagne de chirurgie gratuite organisée à l’Hôpital Régional d’Abéché par  l’Organisation du Secours Islamique Mondial(OSIM) en collaboration avec le Programme National de Lutte contre la Cécité (PNLC).

Patients et Methodes

Etude prospective et analytique ayant porté sur un échantillon de 244 yeux opérés de cataracte entre  le 22 et 27 mars 2013. Sont exclus de notre étude, les patients opérés en dehors de la caravane. Les résultats ont été analysés à l’aide du logiciel SPSS Statistic 17.0.

Résultats

Au total 244 yeux ont fait l’objet de cette présente étude sur environ 800 opérés en six(6) jours.  108(44,3%) hommes et 136 femmes (55,7%) sont suivis après la chirurgie de cataracte soit un sex ratio de 1,25 en faveur des femmes. L’âge moyen était de 59,40 ans avec des extrêmes [12-100] ans. La tranche d’âge de 60 à 69 ans est la plus représentée avec 100 cas soit 41,0%. Les ménagères et cultivateurs sont les couches les plus représentées avec respectivement 132 cas (54,1%) et 96 cas (39,3%). L’œil droit était le plus opéré avec 51,6%(126 cas). La technique opératoire était l’extraction extracapsulaire d’emblée chez tous les patients avec des sutures en surjet. L’implant de la chambre postérieure était utilisé dans 229 cas soit 93,9%. Aucun calcul d’implant n’a été réalisé. 15(6,1%) patients n’ont pas été équipés d’implants. Les résultats fonctionnels indiquent que 7,0% des patients avaient une bonne acuité visuelle (≥3/10) avec la correction portée ; 14,3%  des patients  avaient une acuité visuelle limite (entre 1/10 et 2/10) et 77,5% avaient une mauvaise acuité visuelle (<1/10). Les dystrophies cornéennes ont représenté 33,6% des cas.

Discussion

Nos résultats fonctionnels(7%) sont très inférieurs aux normes de l’OMS qui recommandent une valeur supérieure ou égale à 80% pour le bon résultat sans correction et une valeur inférieure à 5% pour le mauvais résultat. Nos résultats sont également inférieurs à ceux obtenus par les différents auteurs dans la littérature : N. Guirou et al obtiennent 45,5% au Mali, Lindfielt et al retrouvent 81% au Bangladesh, 75% aux Philippines et 65% aux Kenya. Nos mauvais résultats sont supérieurs à ceux de N. Guirou et al (21,6%) au Mali et à ceux de Bourne RR et al, Mathenge et al respectivement au Bengladesh (20%), Pakistan (34%)  et au Kenya (22%). Le sexe féminin prédomine dans notre série avec 55,7%, N. Meda et al qui trouvent une prédominance masculine (56%) au Burkina Faso. En effet, ces résultats nous interpellent sur le déroulement de ces campagnes gratuites de chirurgie de cataracte. Est-ce que le nombre de cas opérés est en adéquation avec la qualité de la chirurgie? Tous ces cas sont-ils opérables ? Et cela pose le problème de sélection des patients.

Conclusion

L’importance du taux de mauvais résultat dans notre étude doit attirer notre attention sur le déroulement des caravanes ophtalmologiques de la chirurgie gratuite de cataracte. Une  étude minutieuse depuis la sélection des cas, en passant par le déroulement des interventions, le suivi postopératoire  jusqu’à la réfraction en postopératoire est nécessaire pour déceler les différentes causes responsables de mauvais résultats fonctionnels. En effet, des meilleurs résultats réduisent les craintes et motivent davantage les patients à venir se faire opérer.