Name
Séquelles d’infection à la COVID-19 et maculopathie au Poppers

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Thibault ROQUANCOURT
Auteurs :
Dr Thibault ROQUANCOURT
Dr Alexis COOREN
Jean-Francois Rouland
Tags :
Résumé

But

Les poppers sont des préparations liquides, hautement volatiles à température ambiante, contenant des nitrites d’alkyle. Elles étaient utilisées anciennement en médecine cardiaque pour leurs effets vasodilatateurs, maintenant détournées pour leurs effets euphorisants. En France, les nitrites d’alkyle sont autorisés en vente libre alors qu’elles constituent la deuxième substance la plus expérimentée en France après le cannabis chez les adultes jeunes. Compte tenu de l’utilisation largement répandue et sous-estimée de Poppers, et compte tenu des dégâts potentiellement graves et irréversibles sur la vision, une information des utilisateurs et des professionnels de santé doit être plus largement menée. 

Observation

Nous rapportons le cas d’un patient âgé de 28 ans consultant aux urgences ophtalmologiques du CHRU de Lille en Novembre 2020 pour une baisse d’acuité visuelle de loin et de près, un trouble de la vision des couleurs, des photopsies et des scotomes scintillants aux deux yeux dans les jours suivants une soirée festive.

Cas clinique

A l’interrogatoire, nous ne retrouvions pas d’antécédent ophtalmologique. Les symptomes visuels faisaient suite à une inhalation accidentelle de Poppers lors d'une soirée plusieurs jours plus tôt. En effet le patient nous indiquait avoir cassé un flacon de poppers dans sa chambre puis s'être endormi. A son reveil son colocataire lui indiquait une forte odeur de Poppers dans la pièce. Notre patient ne l'avait pas remarqué souffrant d'une anosmie séquellaire d'une infection à la COVID 19 datant de plusieurs mois. L’examen ophtalmologique retrouvait une acuité visuelle chiffrée à 9/10 P2 à droite et 8/10 P2 à gauche sans correction et non améliorable. L’examen en lampe à fente était sans particularité aux deux yeux. Le segment postérieur au fond d'œil retrouvait de manière bilatérale une tache jaunâtre fovéolaire avec un vitré clair. Les clichés en infrarouge et en autofluorescence retrouvaient ces mêmes lésions, respectivement hyporéflectives et hypo-autofluorescentes. Une tomographie à cohérence optique retrouvait aux deux yeux une désorganisation des segments externes des photorécepteurs fovéolaires. Devant l’aspect OCT et la consommation de Poppers, on évoque une “maculopathie au Poppers”. Deux jours plus tard, le patient nous précisait par téléphone ne plus ressentir de gêne visuelle ni de trouble de la vision des couleurs. Une micropérimétrie ainsi qu’un examen ophtalmologique complet à J15 ne montre plus de séquelles de maculopathie.

Discussion

Le mécanisme exact par lequel le Poppers endommage les photorécepteurs centraux n’est pas connu. La présentation clinique de la maculopathie toxique induite par les poppers est caractéristique. Dans les heures ou les jours suivant la consommation de poppers apparaît chez un consommateur chronique ou naïf une baisse d’acuité visuelle avec un trouble de la vision des couleurs et  des phosphènes de forte intensité. L’examen du fond d’œil révèle généralement une ou plusieurs lésions ou points jaunes au niveau de la fovéa. La tomographie en cohérence optique permet d’objectiver l’atteinte du segment externe des photorécepteurs de la fovéa et permet d’éliminer les diagnostics différentiels. 

Conclusion

Nous sommes donc face à une maculopathie toxique au poppers spontanément régressive chez un patient ayant inhalé accidentellement pendant une longue durée du poppers du fait de son anosmie, Aucun traitement spécifique n’est à prévoir, la prise en charge repose avant tout sur l’arrêt de la consommation de poppers. Les lésions fovéolaires sont généralement spontanément régressives en quelques jours à quelques semaines, à l’arrêt de l’exposition.