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Syndrome de Weill-Marchesani secondaire à une mutation dans le gène LTBP2 : à propos de 3 cas

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Orateurs :
Dr Nicolas MANDRILLON
Auteurs :
Dr Nicolas MANDRILLON
Dr Nicolas PIANTON
Sophie Valleix
Geneviève Baujat
Dominique Bremond-Gignac 2
Matthieu Robert
Tags :
Résumé

Objectif

Latent transforming growth factor beta-binding protein 2 (LTBP2) est une protéine de la matrice extracellulaire qui s’associe avec la fibrilline 1 ; les complexes LTBP2-fibrilline 1 sont impliqués dans l’adhérence cellulaire et la structure des tissus conjonctifs. Des variants bi-alléliques pathogènes de LTBP2 ont été retenus comme étant une cause rare d’ectopie cristallinienne isolée et de syndrome de Weill-Marchesani, caractérisée par une petite taille, une brachydactylie, une raideur articulaire et des anomalies oculaires caractéristiques comprenant une microsphérophakie, une ectopie du cristallin, une myopie sévère et un glaucome congénital. Le syndrome de Weill-Marchesani est considéré comme « l’envers » du syndrome de Marfan, les deux syndromes ayant souvent en commun des dysfonctions des fibrillines de type 1. Nous décrivons ici une série de 3 patients présentant une ectopie cristallinienne sévère associées à des mutations dans le gène LTBP2.

Description de cas

Patient 1 : a présenté une microsphérophakie et une ectopie cristalliniennes sévères, opéré de phakophagie et vitrectomie antérieure sans implantation à l’âge d’un an, avant de développer un glaucome sévère. Son phénotype articulaire est sans particularité. Patient 2 : a présenté dès les premiers mois de vie une athalamie pratiquement complète et un glaucome initialement contrôlé par un traitement médical, secondaires à une luxation bilatérale en chambre antérieure spontanée des deux cristallins avec microsphériques. La phakophagie assortie d’une vitrectomie large à l’âge de 3 ans n’a pas permis de résoudre le glaucome dont le traitement est difficile. Son phénotype articulaire est marqué par une arachnodactylie isolée. Patient 3 : a présenté une détresse respiratoire néonatale secondaire à un retour veineux pulmonaire anormal total non bloqué, opéré avec succès et dès l'âge de 4 mois un irido-phacodonésis majeur, visible à l’œil nu, avec microsphérophakie et mégalocornée, initialement sans glaucome. L’évolution a été favorable après phakophagie et vitrectomie antérieure sans implantation à l’âge de 3 ans. Son phénotype articulaire est marqué par des luxations spontanées des pouces.

Observation

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Discussion

La description clinique de ces cas met en évidence que des mutations dans le gène LTBP2 sont responsables de présentations très sévères d'ectopies cristalliniennes avec possibilité de luxation antérieure du cristallin pouvant aboutir à un tableau d’athalamie congénitale. Elles n’entrent pas toujours dans le cadre des syndromes rapportés dans la littérature (Weill-Marchesani de type 3, microsphérophakie et/ou mégalocornée avec ectopie du cristallin) et devraient donc être recherchées devant toute micro-sphérophakie congénitale même isolée ou associée à un phénotype hyperlaxe. Le pronostic visuel est dominé par l’évolution du glaucome, dont les mécanismes sont complexes –blocage pupillaire par le cristallin mobile,  anomalies primitives du trabéculum au sein duquel la protéine LTBP2 semble jouer un rôle important, anomalies secondaires de l’angle irido-cornéen fermé suite à une luxation congénitale antérieure des cristallins. Les cas rapportés illustrent la gravité de l'évolution spontanée de ces présentations cliniques et les difficultés de la prise en charge médico-chirurgicale.

Conclusion

Les mutations dans le gène codant pour la protéine LTBP2 sont une cause de microsphérophakie et d’ectopie cristallinienne avec risque de luxation du cristallin et glaucome congénital sévère dont le traitement est souvent difficile.